Jean Coutu (T.PJC.A) pourrait donner à ses actionnaires son bloc de 30% d'actions de la chaîne américaine Rite Aid (RAD), le printemps prochain.

Jean Coutu [[|ticker sym='T.PJC.A'|]] pourrait donner à ses actionnaires son bloc de 30% d'actions de la chaîne américaine Rite Aid [[|ticker sym='RAD'|]], le printemps prochain.

C'est ce qu'a lâché le président et chef de la direction du Groupe Jean Coutu, François-J. Coutu, après l'ouverture de la plus grande pharmacie de son réseau, qui met maintenant en marché des aliments et même des articles de quincaillerie.

«L'intégration des pharmacies Brooks (de Jean Coutu) et Rite Aid (plus de 5000 pharmacies dans 32 États), est terminée et on va en analyser les résultats, pendant encore six mois peut-être, avant de faire un choix. On rédigera alors le projet, pour garder le contrôle de Rite Aid ou donner le bloc d'actions à nos actionnaires», explique François Coutu. Après une petite pause, «c'est une des options», ajoute-t-il.

Des analystes financiers ont déjà recommandé cette solution afin que Rite Aid, en difficulté, ne pénalise plus la cote boursière de Jean Coutu.

Le président «veut avant tout s'assurer du succès de l'intégration des Brooks et Rite Aid. Les élections présidentielles américaines vont peut-être donner un nouvel élan à la chaîne», poursuit-il

Jean Coutu, le fondateur de 81 ans, mise aussi sur le changement de gouvernement à Washington et en particulier sur le programme d'assurance-santé universelle du candidat démocrate donné gagnant, Barack Obama.

Des avantages

«Je n'ai pas de leçon à donner aux États-Unis, mais c'est le seul pays d'importance sans assurance maladie et c'est le plus riche. Oui, les ventes de Rite Aid pourraient aussi augmenter avec Barack Obama. Chaque année, des gens ne peuvent se payer une couple de centaines de millions de prescriptions de médecins, faute de moyens», déplore Jean Coutu.

François Jean Coutu s'attend à ce que «la politique américaine de la santé s'inspire de la canadienne. Si les Démocrates sont élus, Washington n'aura pas le choix. Mais on a dit ça aussi il y a quatre ans, ajoute-t-il. Des études montrent qu'avec un meilleur accès aux médicaments, la santé des gens s'améliore. C'est déchirant».

McKesson et Uniprix

Après l'achat de la chaîne de pharmacies Proxim, le grossiste McKesson pourrait bien mettre la main sur la concurrente Uniprix. Cela ne surprendrait pas François Coutu.

«Jean Coutu pourrait toujours travailler avec Uniprix, si cette chaîne trouvait une solution. C'est cependant une coopérative et Jean Coutu ne lui a pas fait d'offre d'achat», dit-il.

Des spécialistes du commerce de détail estiment qu'après les quincailleries et les chaînes de supermarchés, c'est au tour des pharmacies de vivre une concentration.

«L'acquisition de Proxim par McKesson n'a rien changé dans le marché. Jean Coutu s'attendait à ça de la part de McKesson. Et pour Uniprix, Jean Coutu s'attend à la même chose, mais il faut l'accord des pharmaciens», déclare François Coutu. Selon des informations, McKesson a rencontré Jean Coutu, "mais seulement pour proposer ses services à titre de grossiste alternatif, à la place D'Amerisource.

Par ailleurs, Jean Coutu possède ses propres services de grossiste principal et ce n'est pas à vendre, assure François Coutu.

Par son offensive sur Proxim et peut-être Uniprix, McKesson veut simplement maintenir son chiffre d'affaires de grossiste, explique le président.

La pénurie de pharmaciens complique par contre la consolidation dans le secteur. Jean Coutu «a toutefois travaillé fort pour augmenter le nombre d'admissions, qui ont presque doublé depuis trois ans, à 160 et 200 respectivement, aux universités Laval et de Montréal, comparativement à 110, comme en 1953, à la graduation de mon père», raconte son fils. «Dès 2009, on verra déjà des progrès, mais la pénurie de pharmaciens perdurera encore cinq ans», selon le président.

Place aux aliments et à la quincaillerie

Jean Coutu offrira aussi des produits alimentaires et même des articles de quincaillerie.

Après s'être spécialisés, d'autres détaillants misent déjà sur la convergence de plusieurs gammes de produits, sous le même toit.

François-J. Coutu, président et chef de la direction du Groupe Jean Coutu, assure cependant qu'il ne réplique pas ainsi à Canadian Tire, qui vient de lancer deux magasins pilotes en Ontario, avec de l'alimentation, pour une meilleure performance en récession. La chaîne ne rattrape pas non plus un retard sur la concurrente Pharmaprix dans l'alimentation.

«Nous restons près (des besoins) des gens, c'est tout. On ne se considère pas comme un épicier, on offre du dépannage, jamais de faire ses achats alimentaires chez Jean Coutu», explique le président.

Jean Coutu flottait sur un nuage hier, entouré de sa famille et de ses amis, devant une file de 200 personnes attendant l'ouverture de la plus grande pharmacie du réseau, dans un ex-Rona, au Centre Côte Saint-Luc. «Ce n'était pas comme ça au premier Jean Coutu en 1954», lance le fondateur de 81 ans. Certains ont attendu deux heures, pour souhaiter «bonne chance au vrai Jean Coutu», qui comme d'habitude, vérifiait tout dans la pharmacie durant les discours des dignitaires.

La pharmacie comprend notamment une lunetterie et un bureau de poste. Les ventes de plats surgelés, de petits appareils électriques, d'ampoules et de fleurs y seront testées.

Les franchisés, Jihad Kahwati et François Coutu, y ont investi 2,2 millions, sans parler des stocks de 1,6 million.

Aux Fêtes, malgré la récession, le président s'attend à «d'assez bonnes ventes», car la pharmacie répond à des besoins qu'on ne peut pas repousser longtemps.

En outre, la chaîne a comme stratégie d'améliorer sa mise en marché. En Ontario, où Shoppers Drug Mart est le leader, Jean Coutu veut réinvestir encore deux ans dans des pharmacies, avant d'attaquer à fond ce marché, indique le président.