John Xanthoudakis et Dale Smith ont tout fait pour sauver Norshield, mais le litige avec Cinar, la couverture des médias montréalais et des problèmes semblables à Lehman Brothers ont coulé l'organisation.

John Xanthoudakis et Dale Smith ont tout fait pour sauver Norshield, mais le litige avec Cinar, la couverture des médias montréalais et des problèmes semblables à Lehman Brothers ont coulé l'organisation.

Telle est la ligne de défense d'Alistair Crawley, l'avocat qui défend le PDG de Norshield, John Xanthoudakis, et son bras droit, Dale Smith. Hier, M. Crawley a donné ces trois principaux arguments pour contrer l'argumentaire d'introduction de la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario (CVMO) dans cette affaire.

La CVMO accuse ces deux dirigeants de ne pas avoir agi «honnêtement et de bonne foi envers leurs clients» et d'avoir fait de fausses déclarations au personnel de la CVMO dans le but de «cacher des violations à la loi sur les valeurs mobilières». Globalement, les investisseurs québécois et ontariens ont perdu plus de 450 millions dans ce scandale financier, pour lequel on évoque une fraude.

«Manifestement, quelque chose a mal tourné et il y a eu un désastre financier. Certains disent que c'est intentionnel, mais la réalité est différente. Par exemple, personne n'aurait pu imaginer ce qui est arrivé à Lehman Brothers et Bear Stearns», a dit M. Crawley.

Celui qui se fait appeler John X n'était pas présent, hier, aux audiences de la CVMO. Son avocat affirme qu'il y sera à quelques reprises au cours des trois prochaines semaines. Par contre, les deux autres coaccusés, Dale Smith et Peter Kefalas, ont écouté religieusement les affirmations des deux camps.

Selon M. Crawley, c'est le litige entre Norshield et le producteur de dessins animés Cinar qui a coulé l'entreprise. La couverture négative dans les médias montréalais entourant l'argent de Cinar géré par le gestionnaire de fonds Norshield aux Bahamas ont incité nombre d'investisseurs à réclamer leur argent, dit-il. Ces demandes massives ont provoqué une crise de liquidité, en mai 2005.

Alistair Crawley rappelle que des firmes comptables réputées ont signé les états financiers des diverses entités de Norshield sans n'avoir rien à redire. La firme KPMG a vérifié les livres de la filiale Olympus Fund, au Canada, et Olympus Bank, à la Barbade. Pendant ce temps, Deloitte&Touche a passé en revue ceux de Olympus Univest, aux Bahamas, tandis que Grant Thornton vérifiait les livres de Mosaic Composite, également des Bahamas.

Où est passé l'argent?

La CVMO avait déjà entendu ces arguments du camp X. Dans leur présentation Power Point, les avocates de la CVMO ont affiché le spaghetti d'entreprises canadiennes et offshore de l'organisation destinées, semble-t-il, à offrir des rendements distincts pour chaque catégorie d'investisseurs. Mais en fin de compte, «que s'est-il passé, où est allé l'argent? Après trois ans d'enquête au Canada, à la Barbade et aux Bahamas, nous n'avons toujours pas de réponse», a dit l'avocate Melissa MacKewn.

Au cours de prochaines semaines, les procureurs de la CVMO ont l'intention de démontrer que les valeurs des fonds étaient artificiellement gonflées, que l'organisation a fait des versements inexpliqués de 200 millions et que des transactions ont été structurées de toutes pièces pour camoufler la dilapidation des fonds. À ce sujet, l'organisme s'en remettra à l'enquête du séquestre RSM Richter.

«Le séquestre dira qu'il n'est pas surprenant que des documents importants aient disparu compte tenu des fonds qui ont été détournés», a dit Mme MacKewn, de la firme Heenan Blaikie.

La CVMO fera témoigner trois ex-employés de l'organisation, soit Adam Patterson, Jeffrey Young et Sihai Tran. Selon Mme MacKewn, ces employés viendront dire que John X et Dale Smith contrôlaient tous les aspects du groupe, au Canada comme à l'étranger. «Même les employés étaient maintenus dans le noir», a-t-elle dit.

Hier après-midi, Adam Patterson a commencé son témoignage, mais il s'est limité à décrire la structure complexe du fonds de couverture (hedge fund) et les arguments de vente aux investisseurs.

Deux policiers du service de police de Toronto étaient présents aux audiences au cas où il y aurait de l'intimidation. La présence de policiers à de telles audiences n'est ni habituelle ni rare, nous dit-on.