884 US $. Voilà ce que des investisseurs ont déboursé mardi pour acheter une toute petite once d'or. Un record.

884 US $. Voilà ce que des investisseurs ont déboursé mardi pour acheter une toute petite once d'or. Un record.

Est-ce un autre signe que l'économie mondiale vogue en eau trouble ou simplement que les spéculateurs ont décidé de sortir leurs piques et leurs pelles et de jeter leur dévolu sur le précieux métal? Probablement un peu des deux.

«Les spéculateurs poussent le prix à la hausse», explique l'analyste Kerry Smith, de Haywood Securities à Toronto, qui suit le cours d'entreprises comme le géant Barrick Gold.

«L'économie américaine rend beaucoup de gens nerveux.»

M. Smith voit quand même une demande soutenue pour l'or à quelque 800 $ US. Si les spéculateurs décident de sauter à pieds joints dans le marché, il ne serait pas surpris de voir l'once enregistrer une pointe de 1100 $ US dans le courant de 2008.

De quoi faire grimper des titres des entreprises minières qui n'ont pas encore suivi le cours de l'or.

M. Smith a fait ce petit calcul. Historiquement, quand le prix de l'or a monté de 10%, les actions des aurifères ont grimpé de 20% à 30%, le marché estimant que de nouvelles découvertes allaient augmenter la valeur de l'entreprise.

Or, depuis trois mois, le prix de l'or est en hausse de près de 20%. Le prix des titres de entreprises qui exploitent des mines d'or n'a pas suivi. Selon l'indice qu'on utilise, ils n'ont grimpé que de 8,5% ou 12%.

Une des raisons qui expliquent cet écart, c'est le coût d'extraction d'une once dor qui a augmenté ces dernières années.

«Mais les coûts se stabilisent, les marges des sociétés aurifères augmentent», ajoute M. Smith. Cet écart devra donc être comblé un jour, selon lui.

En fin de journée, l'once d'or, celle qui est livrable en février, se vendait à 880,30 $ US l'once, en hausse de 18,30 $ US par rapport à lundi soir.

L'or pour livraison immédiate (le marché spot) cotait quant à lui à 876 $ US. Même s'il s'agit de records absolus, quand on prend en considération l'inflation, on est loin du compte.

En 1980, l'once d'or avait atteint 875 $ US. Aux prix actuels, cela équivaut à quelque 2120 $ US, soit deux fois et demi le prix actuel.

Outre les spéculateurs, plusieurs incertitudes planent sur l'économie mondiale, ce qui pousse les investisseurs vers l'or, une valeur refuge: la baisse du dollar américain et les risques de récession aux États-Unis, notamment.

Le secrétait au Trésor américain, Henry Paulson, n'a rien fait pour rassurer les marchés, jugeant «inévitable et nécessaire» la correction du marché immobilier américain.

Il y a aussi l'inflation qui réapparaît sur les écrans radar dans les grandes économies. Qui dit inflation, dit habituellement hausse de taux d'intérêt pour la juguler.

Or, ces économies ont plus besoin d'air frais pour se relancer que d'une politique monétaire favorisant les hausses de taux. Rien de bien rassurant.

Ces dernières années, l'enrichissement des consommateurs chinois et indiens, friands de bijoux en or, a également contribué à pousser le prix du métal jaune à la hausse.

Le dollar en hausse

À la Bourse de Toronto, ce nouveau sommet de l'or a aidé à limiter les dégâts. Sans le secteurs des matériaux de base, le TSX aurait connaît une autre journée de pertes de plus de 100 points.

Une fois les matériaux de base pris en compte, la chute a été de 77,12 points, à 13 541,75. Tous les autres sous-secteurs étaient dans le rouge à la fermeture de 16h.

L'indice phare de la Bourse de Toronto est maintenant à plus de 1100 points de son sommet de la dernière année.

Pour ce qui est du dollar canadien, après un début de journée canon, il a fini la séance à 99,56 cents US, en progression de 12 centièmes.

Le huard est tout de même en baisse de près de 10% depuis son sommet du 7 novembre.