Très touchée par la poussée du huard, les épisodes de grippe aviaire et de vache folle, l'agriculture canadienne se porte néanmoins très bien et reste promise à un avenir florissant.

Très touchée par la poussée du huard, les épisodes de grippe aviaire et de vache folle, l'agriculture canadienne se porte néanmoins très bien et reste promise à un avenir florissant.

La récente flambée des prix des céréales, des oléagineuses et du bétail bovin et porcin, conjuguée à des gains de productivité enviables, fera de la ferme une composante essentielle de la prospérité canadienne au cours des prochaines années.

Telle est la conclusion de Derek Burleton, vice-président adjoint et directeur des études économiques chez Banque TD groupe financier.

«L'agriculture et, en particulier, les cultures, entrent dans une nouvelle ère de cherté des prix, alimentée par la progression de la consommation alimentaire en provenance des marchés émergents et par la perspective de demande concurrentes de cultures comme source de biocombustibles», affirme-t-il dans une publication spéciale intitulée L'agriculture canadienne entre dans une nouvelle ère.

Si le dollar canadien s'est apprécié de quelque 20% face au billet vert cette année, les prix du blé, de l'orge et du canola ont bondi quant à eux de 31,6%, 45,5% et 29,7% respectivement.

Le prix des céréales est fixé en dollars américains, mais les producteurs parviennent quand même à empocher des marges accrues.

Cette situation est à l'opposé de ce qui est observé dans le secteur forestier où les prix, aussi exprimés en dollars américains, sont en chute de 8,2% en moyenne cette année.

Soucieux de productivité, les fermiers profitent d'une monnaie forte pour accélérer les achats d'équipement. Résultat, l'agriculture canadienne connaît des gains de productivité deux fois plus rapides que l'ensemble de l'économie.

Elle participe aussi beaucoup au surplus commercial du pays, rappelle M. Burleton. Cinquième exportateur agricole au monde derrière l'Union européenne, les États-Unis, le Brésil et l'Australie, le Canada est aussi le cinquième plus gros importateur de produits de la terre.

«Le secteur contribue néanmoins de manière disproportionné au surplus de notre balance commerciale avec 10% du total ou six milliards, l'an dernier», souligne M. Burleton.

L'agriculture primaire représente pourtant 1,5% de la taille de l'économie. Si on ajoute l'industrie de la transformation, la part grimpe à 4,5%.

Pour avoir une meilleure idée de son poids, suggère M. Burleton.

Il faut aussi tenir compte de l'approvisionnement en cartons, plastiques, fer blanc et aluminium, autant de produits nécessaires pour la conserverie et l'emballage pour expédition.

Les exportations de produits agricoles canadiens trouvent de plus en plus preneur dans les économies émergentes. À elle seule, la Chine en a acheté pour plus de un milliard, l'an dernier, soit deux fois plus qu'en 2002.

Les biens agricoles représentent 14% de la valeur des expéditions canadiennes dans cette nouvelle puissance.

Des défis

Les agriculteurs auront quand même quelques défis à relever au cours des prochaines années, prévient M. Burleton: les prix de l'énergie et des fertilisants resteront élevés tout comme le loyer de l'argent; la main-d'oeuvre sera rare tandis que la progression du commerce mondial poussera à la hausse les coûts du fret.

Les agriculteurs craignent enfin peu la règle du pays d'origine sur l'étiquetage des produits bovins, ovins et porcins aux États-Unis dès l'automne 2008.

Même s'il s'agit à n'en pas douter d'une mesure protectionniste déguisée, plusieurs agriculteurs canadiens y voient aussi «une opportunité, compte tenu de notre réputation de producteur d'aliments sûrs et de nos années-lumière d'avance sur les États-Unis, en matière de traçabilité du bétail».