L'exploration gazière des shales de l'Utica a déjà des impacts sur l'économie du Québec. Et ils seront multipliés advenant une exploitation à grande échelle.

L'exploration gazière des shales de l'Utica a déjà des impacts sur l'économie du Québec. Et ils seront multipliés advenant une exploitation à grande échelle.

Le gouvernement sera l'un des premiers à en tirer des bénéfices.

Sauf quelques rares exceptions, le gaz naturel du sous-sol appartient à l'État québécois. Québec impose une redevance de 10 % du prix de vente à la sortie du puits sur la partie de la production gazière quotidienne moyenne inférieure à 3000 Mpc/j (1000 pieds cubes par jour).

Au-delà de ce volume, la redevance grimpe à 12,5%.

Par exemple si la province produisait du gaz naturel équivalant à sa consommation annuelle de 200 bcf (milliards de pieds cubes), la redevance atteindrait au minimum 200 millions, à un prix du gaz de 10 $ le Mpc.

Alain Lefebvre, directeur du développement des hydrocarbures pour le ministère des Ressources naturelles et de la Faune du Québec, reconnaît que ces redevances sont très inférieures à celles, par exemple, de Terre-Neuve pour son pétrole.

«Le taux de redevance doit être établi pour attirer les investissements, dit-il. Les régions pétrolières et gazières plus matures peuvent exiger des taux plus élevés.»

Entre-temps, le Ministère touche aussi des droits sur les permis émis à hauteur de 10 cents l'hectare au début puis à 50 cents après la cinquième année. Ces droits rapportent environ 800 000 $ par année.

Par contre, Québec accorde une déduction fiscale aux acheteurs d'actions accréditives destinées à financier l'exploration pétrolière jusqu'à 150 % des sommes investies.

Pour les travaux financés par d'autres moyens, Québec rembourse aux entreprises non productrices jusqu'à 35 % des dépenses d'exploration, et jusqu'à 15 % aux sociétés productrices.

Des dépenses d'exploration en hausse

Les dépenses d'exploration pétrolière et gazière atteignent déjà 30 M$ au Québec pour l'exercice financier débuté le 1er avril 2008. La moyenne des 10 dernières années est de 18 M$, mais elle était seulement de 10 M$ avant le boom de 2007-2008.

Selon M. Lefebvre, ces dépenses d'exploration génèrent des retombées économiques importantes.

Selon lui, un forage peut nécessiter jusqu'à 150 fournisseurs différents, notamment pour le transport, la main-d'oeuvre, le logement, la nourriture, les actes juridiques, etc.

Un puits d'exploration coûte de 3 à 4 M$ et une exploitation à grande échelle nécessitera des centaines de puits.

Selon Jean-Yves Lavoie, président et chef de la direction de Junex, une dépense d'un dollar d'exploration ou de mise en production au Texas engendre jusqu'à sept dollars d'activité économique.

«Des entreprises se créeront pour servir la nouvelle industrie gazière», souligne M. Lavoie, qui a longtemps exploité sa propre société de forage.

Selon M. Lefebvre, le réseau actuel de pipeline a une capacité de 850 000 Mpc/j dont seulement 60 % est utilisé. Il faudra seulement des tuyaux secondaires pour raccorder les puits

Selon M. Lavoie, le gaz des shales québécois est exempt de gaz toxiques et d'eau, au contraire de plusieurs gisements albertains, et pourra être pompé directement dans le réseau.