Le nouveau gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a estimé lundi que la mondialisation avait profité aux individus et aux entreprises, mais que certains ont aussi dû payer le prix de douloureux ajustements.

Le nouveau gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a estimé lundi que la mondialisation avait profité aux individus et aux entreprises, mais que certains ont aussi dû payer le prix de douloureux ajustements.

M. Carney prononçait ainsi hier son premier discours officiel depuis son arrivée à la tête de la banque centrale, devant la Chambre de commerce de la Colombie-Britannique et le Business Council of British Columbia, à Vancouver.

Le gouverneur a admis que certaines critiques de la mondialisation n'étaient pas sans fondement -comme celles sur l'écart grandissant entre les revenus et sur la chute des salaires dans certains secteurs comme celui de la fabrication.

À ce chapitre, le gouverneur a cité une étude de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) réalisée en 2007, laquelle démontrait que le ratio du revenu du travail au produit intérieur brut a reculé dans la plupart des pays, incluant le Canada.

Pendant ce temps, pour la grande majorité des pays, la rémunération des travailleurs situés au haut de la distribution des salaires a progressé par rapport à la rémunération de ceux qui se trouvent au bas.

M. Carney a néanmoins estimé que l'intégration rapide de l'économie mondiale était non seulement inévitable, mais aussi en grande partie profitable pour les entreprises et les individus.

Selon le gouverneur, le Canada pourrait profiter encore davantage de la mondialisation si les provinces éliminaient certaines des barrières qui les divisent et aidaient les Canadiens à se déplacer là où les emplois se trouvent.

«Il faut accroître la capacité des travailleurs de se réorienter s'ils le souhaitent, maintenir des filets de sécurité sociale appropriés qui ne découragent pas l'emploi et mettre l'accent sur l'apprentissage et la formation tout au long de la vie», a indiqué M. Carney.

Plusieurs observateurs attendaient ce discours pour voir si M. Carney adopterait un style plus transparent et révélateur que son prédécesseur David Dodge, qui, bien qu'affable, se montrait plutôt discret sur ses états d'âme quant à la politique monétaire.

Mais M. Carney, qui occupe le 2e rang des plus jeunes gouverneurs de l'histoire de la banque centrale, n'a pas donné de signes permettant de conclure qu'il allait modifier la routine établie et n'a rien voulu dire sur ce que la banque s'apprête à annoncer le 4 mars, pour ce qui sera sa toute première décision sur les taux d'intérêt.

M. Carney a ainsi utilisé le lexique déjà compris dans le dernier communiqué de la Banque du Canada, affirmant qu'il «faudra probablement encore augmenter le degré de détente monétaire dans un proche avenir», sans plus de précision sur le moment ou l'ampleur de ces éventuelles réductions de taux.

Au cours de la période de questions qui a suivi son discours, M. Carney a été interrogé sur plusieurs sujets, notamment sur le papier commercial adossé à des actifs, les fusions bancaires et le marché américain du logement.

Le gouverneur a bien tenté d'éviter, à la blague, la question sur les fusions bancaires, pour finalement dire que la taille n'importait pas toujours, particulièrement à la lumière de l'impact de la crise des hypothèques à risque.

«Ce que nous avons vu (...) c'est que la taille n'a pas servi de protection au chapitre de la contagion ou de la protection», a noté M. Carney.

Cependant, a aussi indiqué le gouverneur, «nous, à la banque, croyons en la valeur de la concurrence».

Revenant sur le sujet de la mondialisation, M. Carney a estimé qu'en augmentant la demande et les prix de plusieurs matières premières que le Canada détient en abondance, l'intégration mondiale s'est traduite par de plus faibles prix pour les produits que le Canada importe et de plus hauts prix pour ce que le Canada exporte.

À elle seule, cette modification des termes de l'échange a permis aux Canadiens de voir leur revenu disponible grimper d'environ 8,5% au cours des cinq dernières années, en plus de contribuer à l'assainissement du bilan des sociétés et au redressement continu des finances publiques.