Le bras droit de Lino Matteo, Paul D'Andréa, affirme que son patron a profondément falsifié les états financiers de Mount Real et qu'il est le «cerveau» des levées de fonds illégales auprès des investisseurs.

Le bras droit de Lino Matteo, Paul D'Andréa, affirme que son patron a profondément falsifié les états financiers de Mount Real et qu'il est le «cerveau» des levées de fonds illégales auprès des investisseurs.

C'est la première fois qu'un proche de Lino P. Matteo, PDG déchu de Mount Real, admet publiquement les «nombreuses irrégularités» de l'organisation, qui ont fait perdre 130 M$ à 1600 investisseurs.

Hier, le résumé du témoignage de Paul D'Andréa a été déposé comme élément de preuve devant le comité de discipline de l'Ordre des comptables en management accrédités (CMA).

Le syndic de l'Ordre accuse l'ex-comptable Lino Matteo d'avoir arnaqué des centaines d'épargnants et d'avoir transmis des informations fausses ou trompeuses pour masquer cette arnaque.

Le syndic accuse également M. Matteo d'avoir recueilli des millions de dollars sans prospectus, en contravention de la Loi sur les valeurs mobilières. Lino Matteo est passible d'une radiation à vie de l'Ordre et d'une amende maximale de 12 500$.

Mercredi, aucun témoin du syndic n'était présent à l'audience. En revanche, le syndic a déposé le résumé des témoignages qu'ils auraient fait s'ils avaient été présents. Ces témoins avaient préalablement approuvé le contenu de leur résumé.

Paul D'Andréa était le chef des finances de Mount Real au moment où l'organisation a été bloquée par les autorités, en novembre 2005. Malgré son titre, il dit n'avoir été qu'un exécutant de Lino Matteo, entre 1999 et 2005.

Selon Paul D'Andréa, entre 1999 et 2005, «Lino P. Matteo a transmis ou fait transmettre de nombreuses informations fausses ou trompeuses concernant la situation financière de Mount Real et de ses filiales et corporations apparentées».

Entre autres, «les comptes à recevoir étaient présentés avec une valeur nettement plus haute que leur réelle valeur de réalisation (...) Les passifs dans Mount Real furent artificiellement réduits par des cessions de dettes sans justes contreparties afin de montrer une situation financière nettement meilleure que la réalité», admet M. D'Andréa, également poursuivi par le syndic.

Selon M. D'Andréa, «Lino Matteo a sollicité et reçu des sommes très importantes du public par les compagnies sous son contrôle sans prospectus ou dispense de prospectus, contrairement aux dispositions de la Loi sur les valeurs mobilières».

Mount Real était inscrite à la Bourse de Toronto jusqu'au moment où l'Autorité des marchés financiers (AMF) a bloqué l'entreprise. Les fonds avaient été recueillis auprès des investisseurs sous forme de billets à ordre garantis.

Mercredi, quatre autres témoignages étaient aussi durs envers Lino Matteo, dont celui du syndic Paul Godin, selon qui Lino Matteo est un escroc.

Non coupable

Le PDG de Mount Real n'était pas présent, mais il a plaidé non coupable par le truchement de son avocate, Claudine Murphy.

Pour sa défense, Lino Matteo a choisi de ne pas déposer de contre-preuves devant le comité «pour des raisons personnelles», est-il écrit dans une lettre transmise au Comité.

Dans cette lettre, il soutient avoir collaboré avec l'AMF et l'administrateur nommé par le gouvernement, Jean Robillard, contrairement à ce que ce dernier affirme.

Lino Matteo soutient également que les levées de fonds respectaient la loi, contrairement à ce qu'affirment Paul D'Andréa, le syndic de l'Ordre et l'enquêteur de l'AMF, David Lemay.

Quant au contrôle qu'il exerçait sur les quelque 120 entreprises formant une toile d'araignée, la lettre de Lino Matteo laisse entendre que les observateurs externes ne comprennent pas.

«L'influence qu'avait Lino Matteo ressemblait à celle d'une personne comprenant les affaires de Mount Real, qui se rapportaient aux clients de Mount Real», est-il écrit dans la lettre transmise par son avocate.

Lino Matteo a démissionné de l'Ordre des CMA à la fin de 2007, mais une sanction peut tout de même lui être imposée. Le comité a pris l'affaire en délibéré. Aucune autre instance n'a encore poursuivi M. Matteo.