Coup d'oeil sur l'avis de cotisation de l'année fiscale précédente: fichtre, les droits de cotisation au REER s'accumulent plus vite que les économies!

Coup d'oeil sur l'avis de cotisation de l'année fiscale précédente: fichtre, les droits de cotisation au REER s'accumulent plus vite que les économies!

Pas surprenant: à peu près personne ne tient le rythme idéal et n'épagne 18%de son revenu dès son entrée sur lemarché du travail.Or, plus on tarde, plus il est difficile d'atteindre le sommet d'épargnes qui permettrait de couler ensuite une retraite confortable. Est-il trop tard pour se lancer à son ascension?

L'objectif est-il trop élevé?

L' idéal: commencer entre 30 et 35 ans à cotiser à son REER, au maximum autorisé de 18 % du revenu, et soutenir ce rythme pendant un minimum de 30 ans. C'est l'objectif que fixe Liane Chacra, directrice régionale et planificatrice financière au Groupe Investors.

«La chose primordiale est de maximiser les REER, et même de bâtir hors REER», préconise- t-elle. Pendant la retraite, une dépense imprévue pourrait exiger un important retrait du REER, avec une ponction fiscale conséquente.

Si cette dépense est assumée avec des épargnes non enregistrées, on n'aura pas à payer de l'impôt sur - par exemple - la réfection du toit.

«Les revenus des REER et des régimes de retraite devraient payer les dépenses courantes, énonce la planificatrice. Un fonds de roulement hors REER aidera à financer le golf, les voyages, et les autres imprévus.»

Mais, elle en convient, cette discipline est hors de portée de la plupart des travailleurs.

D'où provient ce barème de 18% du revenu en droits de cotisation au REER? Il a été calculé par les spécialistes du gouvernement canadien pour produire des résultats équivalents à ceux d'un régime de retraite à prestations déterminées.

Ces régimes d'employeurs permettent d'accumuler une rente équivalant à 2% du revenu par année de service, jusqu'à concurrence de 35 ans.

En somme, si on économise 18% de notre revenu pendant une trentaine d'années, on peut raisonnablement espérer que nos épargnes nous procureront des revenus semblables à ceux d'un régime à prestations déterminées, soit 70% de notre salaire brut.

Ce capital permettra de verser un revenu indexé au coût de la vie jusqu'au décès, si tardif fût-il.

Si je parviens à épargner 18%de mon salaire, je suis donc en bonne voie d'atteindre cet Everest?

«Tout dépend de l'âge auquel on commence, répond Martin Dupras, vice-président au Groupe-conseil Aon. Si je cotise vraiment 18% pendant 35 ans, je vais sans doute pouvoir me payer une rente globale équivalant à 70% de mon salaire, sans même tenir compte des régimes gouvernementaux.»

Mais la plupart des gens ne commencent à épargner - modestement - qu'après 30 ans.

«Épargner 18% du revenu, c'est énorme, il ne faut pas se leurrer, poursuit-il. Et il y a plusieurs autres priorités.»

En 2007, sur les 5 120 650 contribuables québécois détenantdes droits de cotisation au REER, 4 782 570 conservaient des droits inutilisés issus des années précédentes, soit une proportion de 93%! Les droits inutilisés moyens s'élevaient à 21 950$.

Moins d'une personne sur 10 avait réussi à rattraper ses droits de cotisation inutilisés depuis le début de sa vie active. A fortiori, on peut croire qu'une infime minorité atteint l'idéal d'une cotisation de 18% de son salaire peu de temps après son arrivée sur le marché du travail.

Dans ces conditions, ces 18% ne constituent plus un idéal, mais une utopie.