La dernière étape en vue de la vente de Bell Canada (T.BCE), le financement, vient d'être franchie. Deux avantages non négligeables ont toutefois été soutirés aux actionnaires, ont constaté les observateurs.

La dernière étape en vue de la vente de Bell Canada [[|ticker sym='T.BCE'|]], le financement, vient d'être franchie. Deux avantages non négligeables ont toutefois été soutirés aux actionnaires, ont constaté les observateurs.

D'abord, les actionnaires devront attendre encore six mois avant d'empocher les 42,75$ par action promis par Bell. Ensuite, ils doivent renoncer à près de 900 millions de dollars de dividendes.

L'entente a tout de même été bien accueillie. Dès l'annonce de la nouvelle, hier matin, le titre de BCE en Bourse a été propulsé, terminant la journée à 39,64$, en hausse de 4,49$ (+12,8%).

Depuis plusieurs mois, les observateurs s'interrogeaient sur la possibilité d'une défection des banquiers, compte tenu de la crise du crédit. L'annonce d'hier entre le groupe dirigé par Teachers' et les banquiers (Citigroup, Royal Bank of Scotland, etc.) vient modifier «l'entente définitive» de juin 2007 entre le groupe Teachers' et BCE.

Plus précisément, la clôture de la transaction a été repoussée du 30 juin 2008 au 11 décembre 2008. Cette prolongation a vraisemblablement été demandée par les banquiers, estiment les analystes. «Nous croyons qu'une clôture plus tardive a été accordée afin de donner plus de temps aux prêteurs (pour refinancer leur prêts de leur côté)», souligne l'analyste Jeffrey Fan, de UBS Investment Rsearch.

BCE a également annoncé qu'elle ne verserait plus aucun dividende aux actionnaires ordinaires d'ici la clôture. Déjà, Bell avait indiqué cette semaine qu'elle reportait le versement du dividende du premier trimestre, terminé le 31 mars.

Ce dividende normalement versé en juillet s'élevait à 294 millions.

Hier, il n'était plus question de report, mais de suspension pure et simple. Les prochains dividendes, ceux du deuxième trimestre se terminant le 30 juin et du troisième trimestre se terminant le 30 septembre, seront également suspendus. Les actionnaires seront donc privées d'un autre 600 millions de dollars, ou presque, pour un total de quelque 900 millions.

Pour les banques

Selon toute vraisemblance, cet argent a servi d'outil de négociation pour conclure une entente avec les banques, elles qui exigeaient que le prix de la transaction (42,75$ l'action) soit réduit, selon les rumeurs. Pour les actionnaires, cette privation des trois quarts du dividende annuel équivaut à environ 1,10$ l'action.

«Vous pouvez assumer que l'acheteur (groupe Teachers') donne la plus large part du bénéfice du dividende aux banques, d'une façon ou d'une autre. Il y a donc un certain transfert de valeur des actionnaires vers les acheteurs et les banquiers. Le conseil de BCE a dû juger que c'était la meilleure façon de conclure la transaction», a dit l'analyste Greg McDonald, de la Financière Banque Nationale.

En contrepartie de cette concession, BCE a toutefois exigé que soit augmentée l'indemnité payable par le groupe Teachers' à BCE advenant une rupture de l'entente d'ici décembre. Cette indemnité est passée de 1,0 à 1,2 milliard de dollars.

Quoi qu'il en soit, les deux parties ont trouvé une solution pour ne pas avoir à demander à nouveau le vote des actionnaires sur une offre moindre. «L'entente finale est très nettement dans le meilleur intérêt des actionnaires, de l'entreprise et de Bell Canada, compte tenu des conditions actuelles du marché des capitaux», a déclaré Richard J. Currie, président du conseil d'administration de BCE.

Sont également ravis les partenaires formant le groupe d'acheteurs, nommément le fonds de placement privé du Régime de retraite des enseignants de l'Ontario (Teachers'), Providence Equity Partners, Madison Dearborn Partners et Merrill Lynch Global Private Equity.

«Nous sommes ravis d'avoir conclu une entente avec BCE et du fait que nos banques continuent d'appuyer la transaction. Nous prévoyons conclure la transaction d'ici le 11 décembre et sommes impatients de collaborer avec George Cope ainsi que l'équipe de direction et le personnel talentueux de BCE afin de développer et de valoriser la solide plateforme existante», a déclaré le groupe d'acheteurs dans un communiqué.

Tel que prévu, l'annonce consacre le départ de Michael Sabia à titre de président et chef de la direction de l'entreprise. Il sera remplacé le 11 juillet par George Cope, actuellement président et chef de l'exploitation.

«L'attention de l'entreprise doit maintenant se tourner vers les activités de Bell Canada et les préparatifs de sa transformation en société fermée, de sorte que le moment est opportun pour céder la place à George Cope. Nous planifions cette transition depuis quelque temps et c'est maintenant le temps d'aller de l'avant», a déclaré Michael Sabia.

George Cope promet de dévoiler son plan d'attaque dès son entrée en poste, le 11 juillet, même si le groupe dirigé par Teachers' n'est pas encore officiellement propriétaire.

Au sujet de Michael Sabia, Richard Currie a fait un rappel du travail accompli depuis 2002. «Michael a affronté les défis financiers liés à Téléglobe, a démantelé la société de portefeuille en cédant les actifs non essentiels, a déplacé les flux de revenus de Bell vers les plates-formes de croissance, a refaçonné l'équipe de direction en faisant appel aux meilleurs spécialistes de l'exploitation des télécoms», a déclaré M. Currie.

Le président du conseil souligne également de M. Sabia «l'importante initiative de changement de culture pour intensifier la concentration de l'entreprise vers le client».

Rappelons que globalement, le groupe mené par Teachers' offre 51,7 milliards de dollars pour acquérir Bell, soit le plus gros montant jamais offert pour une entreprise au Canada. Cette offre inclut la prise en charge de la dette et des actions privilégiées de BCE, qui totalise 16,9 milliards.