Plus de 5200 syndiqués de Bombardier Aéronautique se prononceront dimanche sur un projet de convention collective qui favoriserait l'assemblage de la CSeries à Mirabel.

Plus de 5200 syndiqués de Bombardier Aéronautique se prononceront dimanche sur un projet de convention collective qui favoriserait l'assemblage de la CSeries à Mirabel.

«On ne parle pas de concessions, mais de flexibilité opérationnelle, a commenté le président du district 11 de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA-FTQ), David Chartrand. Il y avait des choses que l'employeur ne pouvait pas faire parce qu'il y avait des restrictions au niveau de la convention collective. Nous avons regardé ce que nous étions capables de faire et ce que les membres pouvaient accepter.»

Dans le cadre du projet initial de la CSeries, en 2005, les membres de l'AIMTA avaient entériné une entente de principe qui visait justement à donner une plus grande flexibilité à l'employeur. L'entente permettait notamment la création de nouveaux quarts de travail volontaires pour la fin de semaine. En retour, Bombardier s'engageait à maintenir pendant 20 ans l'usine d'assemblage de sa nouvelle famille d'appareils à Mirabel, si cette région devait remporter la partie.

Bombardier a toutefois décidé de mettre le projet sur la glace en mars 2006, faute de clients. L'avionneur a néanmoins continué à travailler discrètement sur la nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places.

Au cours des mois, il a réussi à améliorer ses performances grâce notamment à une plus grande utilisation de matériaux composites et au développement d'un nouveau type de moteur chez Pratt&Whitney. Le conseil d'administration de Bombardier a finalement donné un nouvel essor au projet en février dernier en permettant à son personnel d'offrir la CSeries à des clients potentiels (une étape qu'on appelle «Authority to Offer» dans le milieu de l'aéronautique).

Bombardier pourrait profiter du Salon aéronautique de Farnborough, dans une dizaine de jours, pour lancer officiellement la nouvelle famille. L'avionneur favorise toujours Mirabel pour l'assemblage final, mais Kansas City est sur les rangs avec des crédits d'impôt de 240 millions US. Les syndiqués de Bombardier au Québec, qui verront leur contrat de travail arriver à échéance en novembre prochain, ont voulu améliorer les chances de Mirabel.

«Il n'y a pas une semaine où on n'entend pas parler d'usines qui ferment, de travail transféré ailleurs, a commenté M. Chartrand. La réalité d'aujourd'hui, c'est qu'il y a de la main-d'oeuvre formée partout dans le monde. C'est plus facile pour eux de lever les pattes et de s'en aller ailleurs. Nous avons voulu mettre en place les conditions les plus favorables possibles pour que l'employeur continue à investir dans la région de Montréal.»

Le leader syndical a indiqué que les représentants de l'employeur avaient présenté au syndicat leurs préoccupations au niveau de la flexibilité opérationnelle, «les choses qui les fatiguaient».

«Nous nous sommes assis ensemble, a-t-il raconté. Ça n'a pas été comme une négociation traditionnelle, nous avons plutôt essayé de trouver des solutions, de voir comment pallier les problèmes. Nous avons soumis des idées et, au bout du compte, nous nous sommes entendus sur un projet de convention collective.»

Les représentants syndicaux ont présenté le projet au président de Bombardier, Pierre Beaudoin, et au président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, le 20 juin dernier. La direction de l'entreprise a communiqué avec le syndicat cette semaine pour lui communiquer son approbation, ce qui ouvre la voie à un vote dimanche.

M. Chartrand a précisé que la nouvelle convention collective entrera en vigueur en novembre prochain si les syndiqués l'approuvent et si la CSeries atterrit à Mirabel. Si ce n'est pas le cas, il faudra recommencer le processus de négociations.

Il a affirmé qu'il était nécessaire de mettre en place les conditions les plus favorables possibles pour attirer la CSeries, mais aussi d'autres programmes d'importance, notamment dans le secteur de l'aviation d'affaires.

«Dans le passé, ce qui nous a sauvés, c'est que nous ne faisions pas uniquement des avions commerciaux, a-t-il expliqué. Lorsqu'ils ont arrêté de faire le biréacteur régional à 50 places, nous avons perdu des milliers d'emplois d'un coup. Si nous n'avions pas eu d'avions d'affaires, qui fonctionnaient bien, ça aurait descendu encore plus que ça.»

Il faut donc que Bombardier continue à investir dans les avions d'affaires et considère la région de Montréal comme un des meilleurs endroits au monde pour construire de nouveaux appareils, a-t-il poursuivi.

«Ils peuvent dire qu'ils aimeraient lancer une nouvelle usine ailleurs, mais ils n'ont pas la garantie qu'ils pourront fabriquer ces appareils à une cadence rapide, a-t-il soutenu. Ici, ce ne sont pas des voeux pieux, nous sommes capables de supporter des cadences extrêmes.»

L'action de Bombardier a clôturé hier à 7,17$ à Toronto, en baisse de 4 cents.