Si le marché de l'habitation pique du nez aux États-Unis, celui du Québec et de Montréal ne va que ralentir d'ici deux ans et garder des prix toujours en hausse, mais plus modestes. Par contre, après des prix fous, l'Alberta va souffrir au Canada.

Si le marché de l'habitation pique du nez aux États-Unis, celui du Québec et de Montréal ne va que ralentir d'ici deux ans et garder des prix toujours en hausse, mais plus modestes. Par contre, après des prix fous, l'Alberta va souffrir au Canada.

La Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) a rassuré, jeudi, en prévoyant deux autres bonnes années pour le marché résidentiel, à Montréal et au Québec.

Pourtant, «les États-Unis traversent une récession immobilière depuis 2006», souligne Kevin Hughes, économiste de la SCHL au Québec. Par contre, ce dernier ne prévoit «pas de récession économique aux États-Unis en 2008».

Ce sont des facteurs locaux favorables des 12 à 24 derniers mois, comme l'emploi et le revenu disponible, qui influenceront les acheteurs québécois, explique Kevin Hughes. Même le solde migratoire redevient positif, ce qui aide à la demande.

La construction de maisons individuelles va par contre plafonner, au profit des logements collectifs, dont les condos, aux prix plus abordables.

Le marché de la revente va, de son côté, retomber en bas des 80 000 transactions annuelles au Québec, mais d'assez peu. Et le prix moyen va augmenter de 5%, à 218 000$ cette année, et à 224 000$ l'an prochain, selon Kevin Hughes.

4 ou 5% de hausse

Dans la région de Montréal, la revente va revenir à tout près de 40 000 transactions d'ici 2009, mais le niveau de 43 000 de l'an dernier était difficile à répéter, souligne l'analyste de la SCHL, Astrid Joseph.

Les prix vont de leur côté continuer de dépasser l'inflation, avec des hausses de 4% ou 5%.

Les mises en chantier résidentielles vont baisser de 3% cette année et de 2% en 2009 à Montréal, mais à cause de la maison individuelle (-1%) et du logement locatif (-6%).

«Les habitations plus abordables (jumelées, en rangée, condos) vont se démarquer», ajoute Astrid Joseph.

Dans le locatif, le taux de logements inoccupés va augmenter d'un peu plus de 3% et le loyer d'un logement de deux chambres passera à 660$ cette année et à 675$ l'an prochain, dit Mme Joseph.

Si l'on ajoute que l'endettement ne remonte pas vraiment au Québec et que les taux hypothécaires vont rester bas et stables, tous peuvent être plutôt rassurés sur le marché.

Alberta

En Alberta, par contre, le marché de l'habitation bifurque. Le solde migratoire va même chuter en 2008, souligne l'économiste en chef de la SCHL, Bob Dugan.

Le prix moyen de la revente, après des bonds spectaculaires de 30,7% en 2006 et de 24,8% en 2007, ne bougera que de 3,6% cette année et de 5,1% en 2009. Quant aux mises en chantier résidentielles, elles chuteront de 48 336 l'an dernier à 33 000 l'an prochain.

Et la Saskatchewan suit la vague, avec un prix moyen de revente en hausse de 32% l'an dernier, de 26,1% cette année, mais de 8,2% en 2009.

L'économiste principale de Scotia Economics, Adrienne Warren, déduit de toutes ces données que le prix moyen de la revente au Canada, corrigé de l'inflation, vient d'accuser sa première baisse trimestrielle depuis sept ans.

L'habitation neuve connaît aussi des faiblesses, dit-elle. Les demandes de permis de bâtir ont chuté dramatiquement parce que les stocks de logements invendus augmentent.

Malgré tout, le risque d'une correction majeure du marché de l'habitation reste faible, croit Adrienne Warren.