Satané papier commercial!

Satané papier commercial!

Malgré des résultats d'exploitation favorables, Desjardins voit sa rentabilité totale plonger au premier trimestre en raison d'une autre dépréciation de 220 M$ sur son avoir en papier commercial vicié.

Cette ponction rehausse à 493 millions la valeur radiée par Desjardins depuis l'été dernier, lors de l'irruption de la crise du crédit, à même son lot de 1,7 milliard en papiers commerciaux (PCAA).

Ces titres font partie des 32 milliards en PCAA non bancaires au Canada qui sont en crise depuis neuf mois, et pour lesquels un plan de sauvetage complexe est encore disputé en cour à Toronto.

Mais dans l'immédiat, comme ses concurrentes bancaires, Desjardins souffre des maux du PCAA dans ses résultats financiers.

Pour son premier trimestre, terminé le 31 mars, l'excédent net du colosse financier coopératif a basculé de 74%, à seulement 67 millions, comparativement à 265 millions l'an dernier.

Et son rendement des capitaux propres -chiffre important des institutions financières- recule d'autant à un maigre 2,9% au premier trimestre.

C'est quatre fois moins en pourcentage qu'à pareille date l'an dernier.

Pourtant, les principaux secteurs d'activité de Desjardins affichent une tenue plutôt bonne durant ce premier trimestre de 2008.

À deux exceptions près, toutefois.

Du côté de l'assurance de dommages, le Groupe Desjardins Assurances générales (GDAG) a subi les coûts de la rigueur inhabituelle de l'hiver dernier.

Conséquence: combinée à une perte sur PCAA, la forte hausse des réclamations a provoqué un déficit de 2,2 millions au premier trimestre, comparativement à un surplus de 27,6 millions l'an dernier.

Par ailleurs, les filiales de valeurs mobilières de Desjardins (VMD, Disnat, etc.) continuent de peiner au-delà des tumultes des marchés boursiers.

Ce secteur d'activité affiche une perte de 4 millions au premier trimestre, comparativement à un profit de 9 millions il y a un an.

D'ailleurs, ces filiales boursières sont en «révision stratégique» au sein de Desjardins, admet André Chapleau, principal porte-parole.

Mais il s'agit encore d'une révision «plutôt expansionniste» et non régressive, comme le suggèrent les rumeurs envers Desjardins dans le milieu boursier.

Entre-temps, les membres et clients de Desjardins peuvent se réconforter avec des résultats meilleurs dans d'autres importants secteurs d'activité.

Un secteur porteur

Dans les services aux particuliers et aux entreprises, qui représentent la moitié de ses revenus totaux, Desjardins a accru ses bénéfices de 29% au premier trimestre de 2008.

Cet excédent sectoriel a atteint 179 millions, comparativement à 139 millions il y a un an. Et ce, malgré une baisse de 11% des revenus totaux dans ce secteur, attribuée surtout au recul des revenus de placements provoqué par la dévaluation du PCAA.

D'ailleurs, dans le réseau des caisses Desjardins, les revenus nets d'intérêt et les revenus de services ont crû respectivement de 3,7% et 11% au premier trimestre. Même les services les plus liés à la conjoncture économique des ménages, comme les prêts hypothécaires et les cartes de crédit, ont encore rehaussé leur encours et leurs revenus au premier trimestre de 2008.

«Notre réseau de caisses continue de bien performer, avec une bonne croissance de ses revenus et un bon contrôle des coûts», souligne la nouvelle présidente de Desjardins, Monique Leroux, dans l'énoncé des résultats.

Aussi, les deux grandes divisions d'assurances de Desjardins -personnes et dommages- ont accru leurs revenus de primes au premier trimestre, de 7 à 11% en tout.

En contrepartie, les revenus de placements des différentes divisions de Desjardins ont encore écopé des maux comptables imputables à la crise du PCAA non bancaire.

Et ce ressac s'est avéré suffisant pour contrecarrer la progression des revenus totaux du groupe au premier trimestre de 2008. Ils s'affichent en recul de 8%, à 2,17 milliards.