Durant neuf ans, jusqu'en janvier dernier, Robert Beauregard a été une vedette montante et un haut cadre millionnaire à la Banque Nationale (T.NA), plus particulièrement chez Natcan, la filiale en gestion de portefeuille.

Durant neuf ans, jusqu'en janvier dernier, Robert Beauregard a été une vedette montante et un haut cadre millionnaire à la Banque Nationale [[|ticker sym='T.NA'|]], plus particulièrement chez Natcan, la filiale en gestion de portefeuille.

Puis, en janvier, surprise, un communiqué de Natcan a annoncé que M. Beauregard avait démissionné à la suite d'une décision commune.

Ce communiqué était une fausseté, affirme M. Beauregard. Il n'a pas démissionné, c'est Natcan qui a «conspiré», c'est Natcan qui l'a congédié et, si un juge lui donne raison, c'est Natcan qui va payer.

Voilà ce qu'il affirme dans la poursuite de 20,2 M$ pour congédiement abusif, intentée lundi contre NATCAN, la Banque Nationale et deux autres firmes affiliées.

M. Beauregard poursuit aussi son ancien patron, le président de Natcan, Pascal Duquette, à qui il reproche d'avoir participé à son congédiement et son expulsion «soigneusement orchestrés (...) d'une façon sournoise et marquée par l'hypocrisie, la dissimulation, la supercherie, la déloyauté et la mauvaise foi«.

M. Beauregard, qui avait gravi les échelons jusqu'à premier vice-président et membre du conseil d'administration de Natcan, décrit son congédiement comme «totalement injustifié, abrupt et abusif», exécuté «de façon humiliante, dégradante, blessante et malfaisante», et constituant «une faute civile grave».

M. Beauregard poursuit non seulement à titre d'ancien «gestionnaire senior», donc d'ex-employé. Il poursuit aussi à titre d'ex-actionnaire: au fil du temps, M. Beauregard s'était négocié une participation de 3,5% au capital de Natcan. Dans le sillage de son départ, Natcan a «unilatéralement»procédé au rachat forcé de ses actions, «à la valeur aux livres», ce qui constitue une «expulsion de l'actionnariat», allègue-t-il.

M. Beauregard, un ancien employé de la Caisse de dépôt et placement, a été recruté comme gestionnaire par Natcan en 1992 par le président de l'époque, Michel Tremblay, selon la poursuite.

On l'a ensuite promu premier vice-président du secteur des actions de petites capitalisations. Sous sa conduite, les actifs dans ce secteur sont passés de 70 M$ à son arrivée, à 1,2 G$ au moment de son congédiement, affirme-t-il.

La finance est un sport où tout le monde garde le pointage et M. Beauregard voit sa rémunération annuelle augmenter. Elle passe de 648 000 $ en 2002 à 1 750 000 $ en 2007.

M. Beauregard a failli partir à son compte en 2004. À l'insistance de l'actuel président de la Banque Nationale, Louis Vachon, Natcan lui a accordé en 2005 une «entente» de 10 ans devant culminer, en 2014, par une rémunération annuelle de 3,2 M$ de dollars.

Vers la fin de 2007, la vie est belle et l'avenir, ensoleillé. Selon M. Beauregard, la direction de Natcan laisse miroiter la création d'un fonds autonome qui se serait appelé Sélexia II, dans le domaine des petites capitalisations. La création du fonds est même évoquée en sa présence en conseil d'administration de Natcan, avant Noël.

Dès son retour des Fêtes, le 7 janvier 2008, M. Beauregard demande à M. Duquette quand Sélexia II sera lancé. Selon M. Beauregard, M. Duquette lui répond d'ici trois mois, ce qui laisse à M. Beauregard l'impression que sa «relation d'emploi est des plus solides et pleine de projets».

En effet, mais pas ceux qu'il pense. Le 16 janvier, au lieu de se faire offrir un boni pour 2007 et la direction de Sélexia II pour 2008, M. Beauregard reçoit «soudainement, brusquement et sans aucun préavis ni signe avant-coureur à cet effet» une lettre de M. Duquette qui le met dehors.

Le 21 janvier, sa carte d'accès ne fonctionne plus et une dame des ressources humaines lui dit de ne plus remettre les pieds chez Natcan.

Ces «illégalités» et ces manières «grossières et irrespectueuses» bouleversent et choquent M. Beauregard. Mais il digère encore moins le communiqué de presse «faux et mensonger» rédigé par NATCAN, «prétextant faussement un départ volontaire (de M. Beauregard) et une prétendue réorientation de carrière».

M. Beauregard s'objecte à la diffusion du communiqué, mais le 24 janvier, en dépit du fait que des négociations ont lieu, M. Duquette diffuse le communiqué, affirme M. Beauregard.

Un porte-parole de la Banque Nationale, Denis Dubé, a indiqué lundi que l'entreprise a pour politique de ne pas commenter les poursuites dans lesquelles elle est partie.