Le manufacturier indien Tata a fait sensation jeudi en présentant au monde entier sa toute nouvelle voiture, la Nano.

Le manufacturier indien Tata a fait sensation jeudi en présentant au monde entier sa toute nouvelle voiture, la Nano.

Ce n'est pas tant sa drôle de silhouette en forme de gélule qui fait jaser, mais son prix. À 2500$, c'est de loin la voiture la moins chère au monde.

L'enthousiasme qu'elle suscite, et l'arrivée prochaine de ses concurrents, nous rappellent l'urgence de créer des automobiles plus propres.

Il suffit de lire les reportages sur le lancement de la Nano pour mesurer le fossé qui sépare les pays industrialisés des économies montantes. Les médias occidentaux s'inquiètent, avec raison, du CO2 généré par l'arrivée prochaine de ces nouveaux véhicules.

Les médias indiens en parlent aussi, mais la densité des bouchons et la difficulté de trouver du stationnement les préoccupent tout autant. De toute façon, ce sont pour eux des considérations secondaires.

Le sentiment qui domine, aussi bien parmi les chroniqueurs qu'au sein de la population, c'est l'emballement. Sur toutes les tribunes, on chante les louanges de M. Tata, on le remercie du «cadeau» qu'il fait aux familles modestes, on clame sa fierté devant ce véhicule 100% indien.

Et on promet d'en acheter un dès qu'il sera disponible.

Ce sera avant la fin de l'année, affirme le constructeur. Conçue pour un usage strictement urbain, la Nano ne dépasse pas les 100 km/h. Quant à sa carrosserie, elle échouerait à tous nos essais de collisions.

Tata assure néanmoins qu'il est plus sécuritaire de mettre quatre personnes dans cette voiture que sur un scooter. Évidemment, vu sous cet angle

N'empêche, les Indiens ne vont pas tarder à réaliser que l'automobile est une invention plus lourde de conséquences que le cellulaire. À New Delhi, 650 nouveaux véhicules viennent grossir le trafic chaque jour.

Et si l'on en croit le New York Times, plusieurs sont conduits par des gens qui ne se sont jamais assis derrière un volant de leur vie.

Ils apprennent en zigzagant à travers les piétons, les cyclomoteurs et les mendiants qui dorment sur la chaussée défoncée. Bonjour les dégâts!

Cela dit, ce n'est pas en évoquant les périls de la circulation ou la menace du réchauffement climatique qu'on dissuadera les pays émergents de céder aux sirènes de l'automobile.

Les Américains ont eu leur Ford T, les Allemands leur Coccinelle, les Anglais leur Mini, les Italiens leur Fiat 500 et les Français leur 2CV, les Indiens auront bientôt leur «voiture du peuple» et ils entendent bien en profiter.

Avec nos émissions par habitant tellement plus élevées que les leurs, nous sommes bien mal placés pour leur faire la leçon.

Mais nous pouvons leur lancer un défi. Puisque vous êtes si malins, chers amis indiens, et si désireux de prouver au monde entier que vous pouvez faire plus que de la sous-traitance, pourquoi ne pas créer une voiture électrique abordable?

L'exploit serait à la hauteur de vos ambitions, car personne en ce moment n'arrive à concevoir une batterie compacte et sécuritaire qui accumule suffisamment d'énergie. Si vous réussissez, nous serons vraiment impressionnés.