Quelque 50 000 travailleurs canadiens au moins perdront leur emploi en usine l'an prochain. La moitié d'entre eux gagnent leur vie aujourd'hui au Québec.

Quelque 50 000 travailleurs canadiens au moins perdront leur emploi en usine l'an prochain. La moitié d'entre eux gagnent leur vie aujourd'hui au Québec.

La restructuration du secteur manufacturier dans un contexte de plein emploi exige l'intervention de l'État, mais pas du type de celles qu'on a annoncées récemment.

«Le plan Bachand, c'est du court terme, il faut penser à long terme, préconise François Dupuis. Favoriser le recyclage de la main-d'oeuvre et non l'aide aux entreprises. Le travailleur licencié doit être remis sur le marché du travail.»

C'est un grand défi pour les gouvernements, surtout que trop de licenciés de 45 ans et plus sont peu formés et que le taux d'activité chez les 55 ans et plus reste faible.

De ce point de vue, la mise à la retraite hâtive des infirmières et des enseignants par le gouvernement de Lucien Bouchard afin d'accélérer l'atteinte du déficit zéro était un remède de cheval, mais le mauvais remède, soutient-il.

Il faut inculquer une culture de formation continue, renchérit Stéfane Marion. Et d'ajouter: «La compétition est mondiale, les capitaux sont mobiles, mais le capital humain aussi. Il faut aussi repenser la taxation.»

«La structure d'incitation au travail doit être bonne pour tout le monde, précise Maurice Marchon. Quand seuls ceux qui sont productifs payent des impôts, ce n'est pas incitatif.»

Recyclage de la main-d'oeuvre, réforme fiscale, c'est presque un programme politique que tout ça!

Et pourquoi pas une refonte constitutionnelle? «La formation de la main-d'oeuvre, c'est la clef à cause du choc démographique qui s'en vient. Elle a été refilée aux provinces, soutient Carlos Leitao. Ottawa devrait donc baisser ses impôts.»

On pourrait ajouter: pour que Québec occupe le champ de taxation ainsi libéré.