L'économie va si mal qu'une autre augmentation des tarifs d'électricité pourrait être fatale pour beaucoup d'usines en activité au Québec, préviennent les porte-parole de la grande entreprise, alors que commencent aujourd'hui les audiences de la Régie de l'énergie sur la hausse réclamée par Hydro-Québec.

L'économie va si mal qu'une autre augmentation des tarifs d'électricité pourrait être fatale pour beaucoup d'usines en activité au Québec, préviennent les porte-parole de la grande entreprise, alors que commencent aujourd'hui les audiences de la Régie de l'énergie sur la hausse réclamée par Hydro-Québec.

Hydro réclame une augmentation de 2,2% à compter du 1er avril 2009. Depuis le dégel décrété en 2004, les tarifs d'électricité ont augmenté de 15,7%.

Cette nouvelle hausse arrive au pire moment, plaideront devant la Régie l'Association québécoise des consommateurs industriels d'électricité, qui regroupe les entreprises les plus énergivores, et le Conseil de l'industrie forestière du Québec.

«Ce n'est pas le temps de taper sur la tête des consommateurs», soutient Luc Boulanger, directeur général de l'Association québécoise des consommateurs industriels d'électricité.

Mécanismes inédits

Selon lui, les problèmes économiques actuels, qui sont sans précédent, ont forcé la plupart des gouvernements à mettre au point des mécanismes inédits pour limiter les dégâts.

«La Régie ne peut pas faire fi d'un contexte aussi flagrant», estime-t-il.

Les grands consommateurs industriels d'électricité contestent également les arguments avancés par Hydro-Québec pour justifier sa nouvelle hausse.

La plus grande partie de l'augmentation de 2,2% s'explique en effet par des changements à des règles comptables qui devraient s'appliquer en 2011.

Selon Luc Boulanger, il s'agit plutôt d'un prétexte pour augmenter les tarifs, faute d'une meilleure justification.

Ces nouvelles règles comptables ne sont pas encore définies avec précision, ce que les dirigeants d'Hydro reconnaissent eux-mêmes, soutient-il. «Ce ne sont encore que des hypothèses, alors ce n'est peut-être par le bon moment de les appliquer.»

Hydro justifie également la hausse de ses tarifs par l'augmentation des prix du pétrole, qui fait grimper le coût de l'électricité dans les régions qui utilisent des génératrices, comme les Îles-de-la-Madeleine. Or, le prix du pétrole, qui avait atteint un record lorsque Hydro a préparé sa requête à la Régie, en août, est redescendu à un niveau très bas qu'il risque de maintenir pendant l'année 2009.

En remplaçant la prévision du prix du pétrole d'Hydro par une autre plus réaliste et en reportant la réforme des règles comptables, la hausse des tarifs pourrait n'être que de 0,4% plutôt que de 2,2% comme le réclame la société d'État, soutiennent les industriels.

Débat politique

Les grandes entreprises, comme les petites qui sont membres de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, souhaitent que la Régie donne enfin suite à leur demande d'appliquer la hausse de tarif selon ce qu'il en coûte à Hydro pour desservir chaque catégorie de clientèle.

Pour les consommateurs résidentiels, qui coûtent plus cher à desservir que les industries, la hausse moyenne de 2,2% serait plutôt de 3,6%, si la Régie décide de lier la hausse de tarifs au coût de ses services. Pour les PME, la même hausse moyenne de 2,2% serait réduite à 0,2% et, pour les grandes entreprises, elle ne serait que de 0,7%.

L'an dernier, pour éviter une hausse tarifaire qui aurait frappé plus fort les consommateurs résidentiels, le gouvernement avait dû ordonner par décret à la Régie de l'énergie d'appliquer des hausses uniformes pour toutes les catégories de consommateurs.

Malgré ce décret, la Régie a indiqué qu'elle pouvait agir pour aligner les hausses de tarifs et les coûts de service, souligne André Turmel, l'avocat qui présentera les arguments de la FCEI devant la Régie.

Pour le porte-parole de l'Union des consommateurs, Charles Tanguay, tous les débats très techniques qui auront lieu devant la Régie dans les prochains jours ne doivent pas faire oublier que la vraie question est politique. «Est-ce qu'Hydro-Québec est là pour fournir de l'électricité à bon prix ou pour devenir la vache à lait du gouvernement?» demande-t-il.

Si on utilise Hydro pour renflouer les coffres de l'État, alors on déplace le fardeau fiscal des entreprises vers les particuliers et des plus riches vers les plus pauvres, selon lui.