Montie Brewer, PDG d'Air Canada (T.AC.B), ne veut pas le dire. Mais il le laisse entendre. Au rythme que le baril de pétrole augmente, les compagnies aériennes n'auront pas le choix d'augmenter le prix des billets d'avion dans un futur pas trop lointain.

Montie Brewer, PDG d'Air Canada [[|ticker sym='T.AC.B'|]], ne veut pas le dire. Mais il le laisse entendre. Au rythme que le baril de pétrole augmente, les compagnies aériennes n'auront pas le choix d'augmenter le prix des billets d'avion dans un futur pas trop lointain.

«Il reste bien peu d'endroits où nous pouvons couper nos dépenses», a indiqué M. Brewer lors d'un entretien avec La Presse.

Le PDG de la plus grosse compagnie aérienne canadienne est «inquiet» de la situation. Car au bout du compte, c'est la demande qui risque de fléchir très bientôt si la facture est refilée aux consommateurs. L'automne pourrait être décisif à cet égard, avance M. Brewer.

«En ce moment, la situation n'a pas encore changé les habitudes des Canadiens.

Certains avaient déjà réservé leurs billets d'avion. Mais évidemment, la grande question de l'industrie est de savoir comment vont répondre les consommateurs dans les prochains mois», souligne-t-il.

Pour l'instant chez Air Canada, la demande pour les vols domestiques se porte bien. Les vols à destination des pays du sud également. Toutefois, Montie Brewer le concède, il y a de bonnes turbulences qui restent à venir.

«Il y a de gros défis à l'horizon», confie-t-il. Le secteur touristique canadien pourrait être touché, tout autant que les relations commerciales entre les pays.

«Nous entrevoyons des changements dramatiques à ce niveau», dit-il.

Pour faire face à la musique, Air Canada a déjà coupé dans ses dépenses plus tôt cette semaine. La compagnie aérienne a annoncé la suppression de 2000 postes, soit 8% de ses effectifs et de clouer au sol 7% de sa capacité.

Pour Montie Brewer, la situation l'exigeait. Le prix du carburant qui représentait 18% des dépenses de l'entreprise accapare maintenant 30% de ses charges d'exploitation.

«À chaque augmentation d'un dollar le baril, cela représente des coûts supplémentaires de 26 M$ pour nous», souligne-t-il.

Pour l'industrie mondiale au grand complet, l'augmentation d'un dollar/le baril équivaut à des dépenses supplémentaires de 1,6 G$.

Par passager, cela représente donc une hausse importante. En 2007, le coût du carburéacteur par passager était de 338 $ pour un vol Toronto-Pékin. Maintenant, Air Canada doit plutôt débourser 555 $ pour le même trajet.

Depuis la hausse vertigineuse des prix de l'énergie, Air Canada applique une surcharge à ses passagers qui se situe entre 20 et 60 $ tout dépendant de la distance parcourue.

Toutefois, même avec une hausse du prix des billets, Montie Brewer souligne que celui-ci demeurerait à un niveau acceptable.

«Les consommateurs n'ont pas vécu une véritable hausse de prix depuis quelques années», dit-il.

Du même coup, cela n'empêche par le président d'entrevoir des heures moins heureuses pour Air Canada. Selon lui, la montée du baril de pétrole aura «un impact sur l'économie canadienne» et par ricochet sur la compagnie.

«Quand l'économie se rétracte, nous nous rétractons et quand l'économie prospère, nous en profitons aussi», prévient Montie Brewer.

Air Canada indique que des efforts ont également été faits pour réduire la consommation de kérosène des appareils. La compagnie a notamment changé certains de ses vieux Airbus A340 Boeing – plus énergivores - par de jeunes B777.