On n'a plus les hivers qu'on avait, dit-on. Ni la météo qu'on avait, pourrait-on ajouter. Alors que des cartes satellites sophistiquées défilent devant nos yeux tous les soirs au petit écran, l'information météo est devenue une affaire de gros sous pour les chaînes câblées.

On n'a plus les hivers qu'on avait, dit-on. Ni la météo qu'on avait, pourrait-on ajouter. Alors que des cartes satellites sophistiquées défilent devant nos yeux tous les soirs au petit écran, l'information météo est devenue une affaire de gros sous pour les chaînes câblées.

Début juillet, le Weather Channel, équivalent de MétéoMédia aux États-Unis, a été vendu pour la rondelette somme de 3,5 milliards US à un groupe formé de NBC Universal et des fonds d'investissement Blackstone et Bain Capital.

Ces firmes étaient en concurrence avec de grands groupes médiatiques comme Time Warner, CBS et le géant du câble Comcast.

Accessible par 97% des abonnés américains du câble, le réseau Weather Channel publie aussi un site internet fréquenté par 37 millions de visiteurs uniques par mois. Weather.com se classe régulièrement parmi les 15 sites les plus consultés aux États-Unis.

L'an dernier, le Weather Channel a encaissé des revenus de 550 millions en déclinant, en ligne et à l'écran, une information pourtant accessible à tous, fournie par des organismes gouvernementaux.

«La météo cadre très bien avec la mode de l'information en continu et des chaînes spécialisées», confirme Normand Turgeon, spécialiste du marketing à HEC Montréal.

«D'une part, ça ne coûte pas cher à produire, d'autre part c'est le lieu idéal pour les annonceurs pour placer un produit de rappel», explique-t-il.

En d'autres mots, avec des consultations brèves, mais nombreuses, les annonceurs peuvent s'assurer que le logo de leur entreprise s'inscrive dans la mémoire du public.

Encore mieux au Canada?

Au Canada, c'est la compagnie Pelmorex qui domine le marché de l'information météo.

Créée en 1989, Pelmorex est surtout connue à travers ses deux chaînes jumelles française et anglaise, MétéoMédia et The Weather Network, mais elle exploite aussi un service de météorologie industrielle (voir autre texte).

«Son chiffre d'affaires est du domaine privé, mais il se situe probablement autour de 60 millions de dollars», estime Ian Rutherford, directeur exécutif de la Société canadienne de météorologie et d'océanographie.

Établie à Oakville en Ontario, Pelmorex s'est taillée une place enviable dans le marché des chaînes spécialisées, avec des revenus tirés du câble de 46 millions en 2007, selon un rapport du CRTC.

La rentabilité des deux chaînes de Pelmorex a bondi de 15% cette année, pour atteindre 12 millions de dollars.

«Les chaînes spécialisées sont favorisées au Canada par les redevances importantes qu'elles touchent sur les revenus d'abonnement au câble», mentionne M. Turgeon.

Quelque 1,6 million d'adultes regardaient MétéoMédia chaque semaine l'an dernier, ce qui en faisait la cinquième chaîne spécialisée la plus populaire au Québec.

Le site internet de The Weather Network est aussi l'un des plus visités parmi les sites canadiens, avec 5,5 millions de visiteurs uniques par mois.

Et si on se fie à ce qui se passe aux États-Unis, ce n'est peut-être qu'un début: «La météo est devenue un spectacle, dit Christian Desîlets, professeur de publicité sociale à l'Université Laval. Aux États-Unis, des chaînes traitent les conditions climatiques comme si c'était la guerre en Irak. On dépasse le cadre des gens intéressés à la météo. Au fond, c'est de l'excitation qu'on vend.»

100 millions

Revenus totaux estimés de l'industrie de la météo au Canada.

1,6 million

Nombre d'adultes qui regardaient MétéoMédia chaque semaine l'an dernier, ce qui en faisait la cinquième chaîne spécialisée la plus populaire au Québec.

3,5 milliards US

Montant payé par un groupe formé de NBC Universal et des fonds d'investissement Blackstone et Bain Capital pour acheter le Weather Channel, équivalent de MétéoMédia aux États-Unis.

500 millions

Le montant des réclamations d'assurance à la suite des pluies diluviennes dans un seul quartier de Toronto, en août 2005.