Le président et chef de la direction de Cogeco, Louis Audet, a déclaré mercredi que les déboires du réseau TQS et les efforts pour le vendre constituent «un moment difficile» pour beaucoup de monde, dont lui.

Le président et chef de la direction de Cogeco, Louis Audet, a déclaré mercredi que les déboires du réseau TQS et les efforts pour le vendre constituent «un moment difficile» pour beaucoup de monde, dont lui.

Au cours d'un discours devant la Chambre de commerce de Trois-Rivières, M. Audet ainsi admis qu'il s'agissait «d'un moment difficile à vivre pour plusieurs personnes, à partir de moi-même. (...) Cogeco a laissé un gros morceau de son histoire en se retirant du secteur de la télévision commerciale».

L'allocution était censée souligner les 50 ans de Cogeco, qui a vu le jour à Trois-Rivières en 1957.

«On ne choisit pas toujours la date de certains événements», a-t-il tenu à indiquer, d'entrée de jeu.

«Que de chemins parcourus alors que nos ventes s'élevaient à 1,1 milliard de dollars au 31 août 2007», a-t-il fait remarquer.

Or, Louis Audet ne cache pas que la saga entourant les déboires de TQS a fait l'objet de «beaucoup d'interprétations sur ce que nous aurions dû faire».

C'était pourtant «un rêve de longue date» que de se lancer dans la télévision commerciale, d'où l'acquisition du mouton noir en 2001 avec «la conversion de nos doubles antennes».

«En parallèle, on était conscient que le CRTC octroyait de nombreuses chaînes spécialisées qui jouissaient de revenus d'abonnements et de la vente de publicité», a-t-il raconté, évoquant l'apparition de 145 de ces chaînes à partir de 1987, dont 19 en français.

Non seulement le CRTC lui a-t-il refusé l'accès aux frais d'abonnements, mais l'arrivée d'internet est venue bouleverser les budgets publicitaires et faire mal à la télévision généraliste ainsi qu'aux grands imprimeurs mondiaux.

Mardi, le grand patron des services français de Radio-Canada, Sylvain Lafrance, avait soutenu que le problème de fond de TQS était celui du «modèle économique» de la télévision québécoise, qui fait qu'il y a fragmentation de l'auditoire, ce qui affecte toutes les télévisions généralistes au Québec.

Autre coup dur pour TQS, la Société Radio-Canada a décidé de ne pas renouveler le contrat d'affiliation pour les stations régionales de TQS.

«L'opération des doubles antennes est un pré-requis à la rentabilité et le CRTC l'avait reconnu en 1986», a affirmé M. Audet, mentionnant au passage que les pertes d'exploitation de TQS seraient passées de 4 M$ $ à 11 M$.

Plus tôt en janvier, la ministre de la Culture et des Communications, Christine St-Pierre, avait même lancé que si le réseau TQS venait à fermer, on trouverait une balle de Radio-Canada près de son coeur.

M. Audet croit toujours à la viabilité de TQS dans de nouvelles mains, avec des coûts d'acquisition de programmation plus raisonnables et des conditions d'exploitation différentes, pour ne nommer que ces facteurs.

Parlant d'une décision d'affaires avec, comme motif clair, «nos actionnaires», comme ce fut le cas en 1998 avec l'abandon du secteur de la presse hebdomadaire, Louis Audet a toutefois tenu à signaler les bons coups de l'entreprise dans les secteurs de la radio et de la câblodistribution, la capitalisation boursière de Cogeco Câble étant de l'ordre de deux milliards de dollars.

«Et on est actif en télévision, avec la télé communautaire», a-t-il spécifié.

Par ailleurs, le grand patron a parlé des 36 acquisitions qui ont fait grimper le nombre de clients de 45 000 en 1987, à 1,1 million aujourd'hui, couvrant 2,5 millions d'unités de service au Canada et au Portugal.

Car, avec un potentiel de croissance limité en sol canadien, Louis Audet aura exploré, en trois ans, une dizaine de possibilités dans une douzaine de pays. Il a arrêt son choix sur Cabovisao, le deuxième plus grand câblodistributeur du Portugal.

«Et il y a beaucoup de place pour faire croître cette compagnie», a ajouté celui qui recherche déjà d'autres occasions d'affaires à l'échelle internationale.

«La culture entrepreneuriale de mon père, Henri Audet, continue d'être une source d'inspiration, soit la confiance en nos moyens, la prise de risques calculés, une structure de coûts légère et l'innovation technologique», a-t-il conclu en évoquant un positionnement optimiste.