Le Forum de Davos, qui réunit grands patrons et dirigeants politiques pendant cinq jours en Suisse, s'est ouvert mercredi sur un diagnostic très pessimiste sur les perspectives de l'économie mondiale face à la très probable récession américaine.

Le Forum de Davos, qui réunit grands patrons et dirigeants politiques pendant cinq jours en Suisse, s'est ouvert mercredi sur un diagnostic très pessimiste sur les perspectives de l'économie mondiale face à la très probable récession américaine.

Plusieurs experts ont estimé que la plupart des régions de la planète ne pourront échapper aux conséquences du brutal coup d'arrêt de l'activité attendu aux États-Unis tandis que la décision de la Réserve fédérale américaine lundi de fortement baisser les taux d'intérêt a été durement critiquée.

«Il va y avoir une grave récession aux États-Unis, un ralentissement dans les pays émergents et un fort ralentissement en Europe», a déclaré l'économiste Nouriel Roubini lors du traditionnel débat d'ouverture du forum sur l'état de l'économie mondiale.

Lors du même débat il y a un an, M. Roubini avait été le seul à prévoir la crise financière américaine face à l'optimisme général qui régnait à l'époque.

Stephen Roach, économiste et président de la branche asiatique de la banque américaine Morgan Stanley, a également formulé un jugement sans appel.

«Nous allons entrer dans une période très douloureuse. Lorsque le consommateur américain a des problèmes, cela a des conséquences pour toute l'économie mondiale», a-t-il lancé.

Tout en estimant, comme M. Roubini, que l'économie mondiale échappera à une récession, il a estimé qu'elle n'en est pas tout à fait à l'abri. «Ce sera juste. Le ralentissement sera plus fort que ce beaucoup prévoient», a-t-il dit.

M. Roach a rejeté l'idée d'un «découplage» entre les économies dites émergentes et celle des États-Unis qui permettrait au reste du monde d'être épargné. «Cette histoire de découplage relève du fantasme», a-t-il dit.

L'économiste Yu Yongding, directeur de l'institut chinois d'économie et de politique mondiales, a effectivement estimé que la situation américaine aura des conséquences en Chine en raison de la part importante des exportations dans l'économie du pays.

«Nous devons stimuler la demande intérieure», a-t-il dit. La croissance chinoise devrait ainsi ralentir en 2008 mais rester forte, aux alentours de 9%, a-t-il estimé.

Le possible ralentissement chinois menace par ailleurs l'Afrique dont le géant asiatique est un gros client. «Il y a aura un effet négatif sur l'Afrique si la Chine et l'Europe subissent les effets de la récession américaine», a dit Mme Ngozi Okonjo-Iweala, directrice à la Banque mondiale.

Kamal Nath, ministre indien du Commerce et de l'industrie, s'est montré plus confiant pour son pays soulignant que la consommation intérieure y jouait un rôle plus important qu'en Chine. «Il n'y a pas de découplage avec les États-Unis mais il faut souligner l'importance du commerce entre pays du sud», a-t-il dit.

M. Roach s'est par ailleurs montré très critique sur la forte baisse des taux d'intérêt annoncée la veille par la Réserve fédérale américaine.

«C'est une décision dangereuse», a-t-il dit estimant que la Fed a voulu calmer les marchés financiers mais n'a pas répondu au problème de fond à savoir une consommation des ménages américains financée par l'emprunt.

La baisse des taux de la Fed «pourra seulement adoucir la récession américaine», a pour sa part dit M. Roubini.

Le Forum économique mondial réunit jusqu'à dimanche quelque 2500 patrons de grandes entreprises, ministres et chefs d'État et de gouvernement.

La secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice devait prononcer en fin d'après-midi le discours d'ouverture du Forum après des rencontres privées avec les présidents pakistanais Pervez Musharraf et afghan Hamid Karzaï.