Quand les lumières de l'Aquacube ou du Nid d'Oiseau se fermeront, les Chinois devront faire leurs devoirs et tabler sur leur budget en vue de le présenter au Comité international olympique dans six mois. Alors, ils seront rentables ces JO de Pékin ?

Quand les lumières de l'Aquacube ou du Nid d'Oiseau se fermeront, les Chinois devront faire leurs devoirs et tabler sur leur budget en vue de le présenter au Comité international olympique dans six mois. Alors, ils seront rentables ces JO de Pékin ?

À l'heure actuelle, et à moins d'être dans le secret des dieux, il est bien difficile de le savoir. Ce qu'on sait toutefois, c'est que ce seront les Jeux les plus dispendieux. Sur le montant total, on ne s'entend pas tout à fait, mais généralement on parle d'une facture qui devrait se situer entre 30 et 40 G$.

Un chiffre qui est tellement exorbitant que les observateurs s'entendent pour dire qu'on ne risque pas de revoir de telles dépenses dans un futur rapproché.

«De tels coûts seraient inacceptables au Canada ou en Angleterre. Mais en Chine, on parle d'un ordre de grandeur différent. Cela ne représente pas le même montant», indique Milena Parent, professeur adjoint en gestion du sport à l'Université d'Ottawa.

Pour Londres, qui sera l'hôtesse des Jeux olympiques de 2012, les dernières estimations font état de coûts atteignant 10 à 12 G$. Même avec ce montant largement inférieur à celui des Chinois, les Anglais sont en furie car la facture a triplé depuis le budget initial.

La chose est différente pour Vancouver qui présentera les JO d'hiver en 2010. Le deuxième budget présenté par le comité organisateur tourne autour de dépenses de 2 G$ et la recherche de commanditaires va bon train.

«À l'heure actuelle, on parle de commandites de 760 M$. Et leur budget est déjà équilibré, donc tout va bien», indique Milena Parent.

Les JO peuvent donc être une mine d'or car les revenus viennent maintenant d'un peu partout. De la commandite, oui, mais aussi du gouvernement, de la billetterie, des produits dérivés et surtout des droits de télédiffusion.

Pour les commanditaires, les affaires sont d'or. Nike – en guerre ouverte avec Adidas et Puma qui chaussait le roi Usain Bolt dans la capitale chinoise – a estimé que les JO de Pékin allaient leur rapporter la bagatelle d'un milliard de dollars.

Toutefois, rien n'assure le succès financier à la ville choisie. Parlez-en aux Montréalais... ou aux Japonais qui ont conclu les JO de Nagano avec une dette de 10 000 $ par personne !

Dans son livre «Jeux olympiques inédits, de 1896 à nos jours», le journaliste français Éric Mugneret affirme même que Montréal est le plus grand fiasco financier de l'histoire des Jeux olympiques.

Dans une vidéo publiée sur le site Rue89, il indique que le trou financier suivant la construction du Stade olympique «ne s'est plus revu après» et que cet exemple a été utilisé lors de la candidature de Paris 2012 en vue de montrer une expérience qui a coûté très cher aux contribuables.

Il est vrai que le dépassement des coûts a été astronomique à Montréal. Mais seulement au niveau des dépenses en infrastructures qui ont grimpé de 300 M$ à 1,3 G$.

«Montréal a enregistré un profit de 9 M$ pour son budget opérationnel. C'est quelque chose que l'on sait moins», précise toutefois Milena Parent.

Du même souffle, celle-ci affirme que Montréal a été un tournant dans l'histoire de l'olympisme.

«Avant Montréal, la majorité du financement provenait des gouvernements. Mais à partir de 1976, le privé a pris une place de plus en plus importante», dit-elle.

Le changement s'est vraiment fait à partir de Los Angeles en 1984. Après la difficile expérience montréalaise, les villes étaient plus frileuses à accueillir les JO. Los Angeles a finalement décidé de se lancer à l'eau mais a exigé que le financement soit entièrement privé.

Juan Antonio Samaranch, président du CIO à ce moment, a donc accepté les conditions, ce qui tranchait avec son prédécesseur Avery Brundage – considéré comme un puriste à cet égard. Los Angeles a finalement enregistré un bénéfice de 150 M$.

La part du privé va donc demeurer importante dans le financement des Jeux olympiques jusqu'à l'enflure publicitaire d'Atlanta – que l'on a surnommé les Jeux Coca Cola. Depuis le financement est mixte comme à Pékin.

Même si la formule semble plus réussie, le succès financier des Jeux olympiques demeure une nébuleuse. Calgary (1988) a été une réussite, tout comme Barcelone (1992 - été) alors qu'Athènes (2004) et Albertville (1992 - hiver) sont plutôt à placer dans les colonnes des indésirables. Mais tout n'est pas que financier, disent les spécialistes.

«Il faut également prendre en considération le legs des Jeux olympiques. Nos bonnes performances actuelles lors des Jeux d'hiver, c'est l'héritage de Calgary», avance Mme Parent.

Les villes peuvent également profiter du dynamisme des Jeux pour se doter de meilleures infrastructures. C'est notamment ce qu'avait fait Albertville qui avait modernisé son réseau routier en vue des JO.

Il n'existe donc pas de formule parfaite pour déterminer la part du public et du privé afin d'assurer le financement de l'événement. D'autant plus que certains impondérables peuvent venir jouer les trouble-fêtes.

À cet égard, les Jeux d'Athènes sont un bon exemple. Les organisateurs n'avaient pas prévu les dépenses en sécurité, devenues colossales après le 11-septembre. Avouez que vous non plus, vous n'y aviez pas pensé.