Qui n'est pas convaincu des vertus de l'exercice, de nos jours? Pour nombre de travailleurs, l'inactivité physique ne relève pas d'un manque d'intérêt ni même de moyens. Le hic, c'est la logistique!

Qui n'est pas convaincu des vertus de l'exercice, de nos jours? Pour nombre de travailleurs, l'inactivité physique ne relève pas d'un manque d'intérêt ni même de moyens. Le hic, c'est la logistique!

À Montréal, Ubisoft compte plus de 1500 employés, dont une petite armée de programmeurs. On les imagine facilement rivés à leur ordinateur du matin au soir, pas tellement plus portés sur l'exercice que la moyenne des gens. Vous seriez surpris.

Parmi leurs avantages sociaux, les employés d'Ubisoft reçoivent des crédits dans un compte de soins de santé. Ces crédits flexibles peuvent notamment être versés dans un REER ou couvrir certains frais non payés par l'assurance collective.

Or, la moitié du personnel s'en sert pour se faire rembourser des cours ou des équipements sportifs. Les employés d'Ubisoft suivent des cours de yoga, de spinning et de «cardio militaire». Ils font des triathlons par équipe ou individuels, du ski, de l'escalade et du rafting. Ils jouent au hockey sur glace, au hockey cosom et au frisbee suprême.

Ils ont une équipe de basketball et un gym de 3000 pieds carrés sur place. Beaucoup viennent travailler en vélo.

Le secret? Ubisoft emploie trois kinésiologues, dont deux à temps plein (la troisième le sera aussi dès qu'elle aura terminé sa maîtrise). Un peu méconnus au Québec, les kinésiologues sont des spécialistes de l'activité physique. Leur rôle: maintenir la santé des individus et améliorer leur performance par la promotion de saines habitudes de vie.

Selon la Fédération des kinésiologues du Québec, la pratique régulière de l'activité physique peut accroître le rendement au travail de 4 à 15%. Mais ce n'était pas ce qu'Ubisoft avait en tête lorsque le programme de santé au travail a été implanté en 2004.

«Notre préoccupation, c'est d'attirer les gens et de les retenir. Nous sommes toujours à l'affût de ce qui leur plairait», affirme Francis Baillet, vice-président des ressources humaines. Les kinésiologues d'Ubisoft sondent les employés pour connaître leurs besoins et tentent d'éliminer les obstacles matériels à la pratique de l'exercice, comme le transport ou encore la recherche de partenaires d'entraînement.

La loyauté

M. Baillet a observé que les employés qui s'entraînaient régulièrement avaient tendance à être plus loyaux. «On ne saura jamais s'il y a un lien de cause à effet, mais chose certaine, on est les seuls dans le monde des jeux à offrir autant d'avantages santé.»

Autre bénéfice, les primes d'assurance collective restent plutôt stables chez Ubisoft, contrairement à ce qu'on observe dans la majorité des compagnies. Bien sûr, l'expansion permanente de l'entreprise empêche la moyenne d'âge des employés (29 ans) de tirer vers le haut.

Cependant, le faible taux de réclamations y est aussi pour quelque chose. Sylvie Desaulniers, de CoachingÉquilibre, est convaincue qu'une philosophie santé comme celle d'Ubisoft est un gros argument aux yeux d'employés potentiels. «On veut tous se mettre en forme, mais ça nous prend un coup de pouce.»

Dans sa pratique de coach de gestion, Mme Desaulniers inclut un accompagnement visant l'atteinte d'un objectif de nature personnelle. «J'ai constaté que tous mes clients voulaient la même chose: se remettre en forme.»

La conseillère en ressources humaines agréée émet cependant une mise en garde. «Comme la plupart des gens, bien des employeurs veulent tout avoir vite et pour pas cher», signale-t-elle. Se limiter à proposer une conférence sur les vertus de l'exercice ou même une formation de deux jours, c'est donner un coup d'épée dans l'eau.

Les comportements ne changent pas rapidement, rappelle MmeDesaulniers.

«C'est pourquoi une intervention individuelle et à long terme est très importante. Il y a une énorme différence entre avoir des connaissances et les appliquer.»

Le marché est plein de consultants prêts à offrir des interventions de courte durée, remarque-t-elle. Avec une approche trop simpliste, qui ne fonctionne pas, la promotion de l'activité physique risque de passer comme une mode.

Si l'entreprise n'a pas beaucoup de ressources à consacrer à ce type d'initiative, elle ferait mieux de les affecter aux postes clés plutôt que de les diluer parmi la masse de ses employés, note Mme Desaulniers.