Le grand patron de Transat (T.TRZ.B) a piqué une sainte colère hier au sujet du traitement inéquitable des transporteurs au pays et de l'incurie des dirigeants des aéroports canadiens.

Le grand patron de Transat [[|ticker sym='T.TRZ.B'|]] a piqué une sainte colère hier au sujet du traitement inéquitable des transporteurs au pays et de l'incurie des dirigeants des aéroports canadiens.

«Je ne vois pas pourquoi un groupe dans le monde du transport aérien devrait mettre de l'argent dans des comptes en fidéicommis et donner des garanties phénoménales au gouvernement alors qu'une autre gang, qui sont supposés être des transporteurs réguliers, ne donnerait pas les mêmes garanties», a lancé Jean-Marc Eustache au cours d'une téléconférence portant sur les résultats du troisième trimestre de Transat.

Le trimestre a été difficile pour Transat: en dépit d'une augmentation de près de 16% de ses revenus, le bénéfice net de 16,1 M$ du troisième trimestre de 2007 s'est transformé en perte nette de 2,4 M$ au troisième trimestre de 2008. C'est le niveau encore élevé du prix du carburant qui a plombé les résultats du voyagiste.

Mais ce qui a fait bondir M. Eustache hier, c'est la fin abrupte des activités de Zoom Airlines le 28 août dernier. Le président et chef de la direction de Transat estime que c'est toute l'industrie qui devra payer les pots cassés.

«C'est malheureux pour la réputation de l'industrie, a-t-il affirmé. Ça aurait pu être évité. Un grand nombre de clients pensent qu'on a abusé d'eux.»

Les entreprises qui ont un profil de voyagiste, comme Transat, doivent placer dans un compte en fidéicommis les sommes versées par les clients pour les services promis.

Par contre, les transporteurs réguliers, comme Air Canada et Westjet, ne sont pas soumis à la même obligation. Zoom Airlines, qui s'était présenté comme un transporteur régulier, n'avait donc pas sécurisé les sommes versées par ses clients. Résultats, ceux-ci se retrouvent au rang de créanciers ordinaires, avec bien peu de chances de se faire rembourser un jour.

Les aéroports canadiens se retrouvent également dans de beaux draps: Zoom leur devait 3,7 M$, dont 1,9 million pour l'aéroport de Toronto et 515,800$ pour l'aéroport Trudeau de Montréal.

«Je ne comprends pas pourquoi les aéroports font des crédits inimaginables à ces compagnies-là, s'est emporté M. Eustache. Et après ça, ces mêmes cr... d'aéroports, il ne faut pas se leurrer, ce ne sont pas eux qui vont payer ça, ce ne sont pas les gouvernements, ce sont nous, les transporteurs restants, qui vont payer les factures de ces compagnies qui font faillite les unes après les autres.»

Il a dénoncé le fait que les transporteurs soient taxés de plus en plus par les gouvernements, les aéroports ou les systèmes de navigation internationaux.

«Nous passons pour des voleurs auprès des clients, qui se demandent qu'est-ce que sont tous ces frais, a fulminé M. Eustache. Moi, je suis tanné de ça, j'aimerais ça que tout le monde fasse sa job comme il faut et qu'on ne soit pas emmerdés par un paquet de gens qui font mal leur travail.»

L'analyste Cameron Doerksen, de la firme Versant Partners, croit que la disparition de Zoom, bien que positive pour Transat, n'aura pas un impact significatif sur les résultats financiers du voyagiste.

«Zoom n'était pas le principal concurrent de Transat et dans les faits, il ne le concurrençait que pendant les mois d'été», a-t-il déclaré.

M. Eustache a toutefois indiqué que la disparition de Zoom réglera au moins un problème au niveau des liaisons entre le Canada et l'Europe. La capacité a notamment explosé sur les liaisons entre le Canada et le Royaume-Uni au cours des deux dernières années, ce qui a eu un impact négatif sur les marges. Toutefois, de nouveaux acteurs se préparent à offrir des liaisons vers l'Europe et les acteurs actuels s'apprêtent à augmenter sérieusement leur capacité.

«Le jour où les gens seront raisonnables dans cette industrie, je suppose que je serai mort», a soupiré M. Eustache.

L'action de catégorie B de Transat a perdu 63 cents pour clôturer à 17,30$ à la Bourse de Toronto hier, soit une baisse de 3,5%.