Vous en voulez aux artistes et aux promoteurs de fixer des prix aussi élevés pour leurs spectacles? Pensez à ce qui suit. Pour les spectacles les plus courus, il y a toujours des fans prêts à payer deux ou trois fois le prix normal en se procurant des billets auprès des revendeurs, que ce soit sur eBay ou devant l'aréna.

Vous en voulez aux artistes et aux promoteurs de fixer des prix aussi élevés pour leurs spectacles? Pensez à ce qui suit. Pour les spectacles les plus courus, il y a toujours des fans prêts à payer deux ou trois fois le prix normal en se procurant des billets auprès des revendeurs, que ce soit sur eBay ou devant l'aréna.

Ce phénomène du «marché secondaire», archiconnu, pose une énigme quand on le regarde d'un point de vue de la loi de l'offre et de la demande. Si les artistes et les promoteurs savent que les fans sont prêts à payer plus, pourquoi diable ne montent-ils pas le prix de leurs billets pour empocher les profits au lieu de les laisser aux revendeurs?

«Ce n'est pas une science exacte», répond Jacques Aubé, du Groupe Gillett Spectacles, qui explique qu'il ne peut pas connaître d'avance la demande pour ses spectacles.

Une explication qui ne convainc qu'à moitié la chercheuse Marie Connolly. «Il y a évidemment un peu de cela. Sauf qu'à un moment donné, on se dit que le promoteur devrait commencer à comprendre le principe! Ça fait longtemps que le marché secondaire existe, et il est de plus en plus fort.»

Il y a, selon elle, une autre explication. «Tout ça fait partie de l'idée de générer un buzz autour du spectacle, croit-elle. Les billets se sont vendus tellement vite, le show est à guichets fermés, ça se vend sur eBay, tout le monde veut y aller. Ça crée de la publicité.»

Sans compter, dit Mme Connolly, que l'artiste «ne veut pas avoir l'air de celui qui fait de l'argent sur le dos des gens».

Mais ces concessions signifient une chose: une partie des revenus échappe aux artistes pour atterrir dans les poches d'intermédiaires. Combien exactement? Les chercheurs de l'Université Princeton ont voulu le savoir.

Ils ont d'abord sélectionné 28 concerts au hasard à travers les États-Unis. Puis, aidés par un escadron d'étudiants, ils se sont rendus sur place pour mener un sondage scientifique auprès des fans visant à voir d'où provenaient leurs billets. Leurs conclusions: environ 10% des billets sont achetés sur le marché secondaire, et la grande majorité d'entre eux sont ceux qui donnent accès aux meilleurs sièges. En moyenne, le prix des billets revendus est 50% plus élevé que le prix normal.

En extrapolant à partir de ces conclusions, les auteurs concluent que la taille du marché secondaire des concerts rock atteint 600 millions US par année en Amérique du Nord.