Les frères Maxime et Julien Rémillard ont connu une première journée pénible devant le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, qui a mis en doute autant leur solvabilité financière que leur décision d'éliminer les bulletins d'information à TQS.

Les frères Maxime et Julien Rémillard ont connu une première journée pénible devant le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, qui a mis en doute autant leur solvabilité financière que leur décision d'éliminer les bulletins d'information à TQS.

Le président du CRTC, Konrad von Finckenstein, a même suggéré aux deux propriétaires de Remstar de préparer un plan prévoyant le retour des bulletins d'information à TQS. «On ne fait pas des affaires comme ça, sans alternative», dit M. von Finckenstein.

Le président par intérim de TQS, Serge Bellerose, est venu à la rescousse de Maxime Rémillard. «Laissez-moi répondre à la place de Maxime, a-t-il répondu. Nous n'avons pas de plan B.»

À son premier point de presse depuis que Remstar a remporté l'appel d'offres pour TQS en mars dernier, Maxime Rémillard n'a pas voulu préciser s'il allait retirer son offre si les conditions de licence s'avéraient trop sévères. Remstar demande au CRTC un renouvellement de licence de sept ans, soit jusqu'au 31 août 2015.

«Nous avons soumis notre proposition au CRTC. La décision lui appartient. Nous n'avons rien contre les journalistes et les nouvelles. Nous ne pouvons tout simplement pas nous payer cette infrastructure alors que nous tentons de ressusciter un réseau cliniquement mort», a répondu l'homme d'affaires de 33 ans.

Au cours de l'audience, le président du CRTC a toutefois rappelé à Remstar qu'il avait déjà forcé des réseaux généralistes à conserver leurs bulletins d'information.

«Vous voulez que nous adoptions une nouvelle définition, que nous fassions une exception. Nous avons refusé une licence récemment en raison du manque de contenu local. Nous avons aussi permis l'achat de CityTV par Rogers à condition qu'il y ait des bulletins d'information», a dit M. von Finckenstein.

Toute la matinée, TQS et Remstar ont tenté de convaincre le CRTC que leurs nouvelles émissions de commentaires et d'analyse pourraient remplacer adéquatement les bulletins d'information, citant même en exemple 110%, l'émission de commentaires sportifs mettant en vedette les anciens entraîneurs de hockey Michel Bergeron et Jean Perron.

«Je ne comprends pas»

TQS veut aussi s'inspirer des succès radiophoniques de René Homier-Roy (C'est bien meilleur le matin à Radio-Canada) et Paul Arcand (Puisqu'il faut se lever au 98,5 FM). "Nous voulons adapter le modèle développé à la radio", dit Louis Trépanier, vice-président de la programmation de TQS.

Le président du CRTC s'est montré sceptique devant une telle hypothèse. «Je m'excuse, mais je ne comprends pas», a laissé tomber Konrad von Finckenstein.

L'un des trois décideurs du sort de TQS, l'ancien journaliste à Radio-Canada Michel Morin, en a rajouté, qualifiant les nouvelles émissions d'information de TQS de «télé de porte-parole».

La crainte d'un précédent

Malgré les assurances de TQS sur la qualité de son plan de relance, le CRTC hésite clairement à créer un précédent en permettant à TQS de devenir le premier réseau généraliste francophone à abandonner ses bulletins d'information. Le CRTC s'est montré particulièrement préoccupé par les conséquences de l'abandon des bulletins régionaux.

Si le CRTC accepte le plan de relance de Remstar, TQS produira 15 heures d'information par semaine à Montréal, 10 heures par semaine à Québec et 1h30 par semaine à Trois-Rivières, Sherbrooke et Saguenay.

Après l'exposé de Remstar et TQS, la Fédération nationale des communications (CSN), le Parti libéral du Canada et le Bloc québécois se sont succédé au micro en après-midi afin de demander le maintien des bulletins d'information de TQS. Le Bloc québécois a proposé la création d'un fonds d'information similaire au Fonds canadien de télévision, qui finance la production d'émissions au Canada.

En plus de la question des bulletins d'information, le CRTC a aussi discuté de la solvabilité financière des frères Rémillard. L'organisme fédéral s'est fait insistant afin d'obtenir les états financiers de Remstar ou ceux des frères Rémillard eux-mêmes. «Nous nous interrogeons sur votre capacité financière, dit le conseiller Michel Arpin. Si vous ne remettez pas vos états financiers, nous allons refuser votre demande de licence.»

«J'en prends bonne note», a répondu Maxime Rémillard. À sa sortie de l'audience, le cofondateur de Remstar n'a pas indiqué quels documents financiers additionnels il comptait déposer au CRTC, dont les audiences sur la vente de TQS se poursuivent aujourd'hui et demain à Québec. Le CRTC rendra sa décision à la fin juin.