La récession rôde aux États-Unis. Elle met consommateurs et investisseurs sur les dents et oblige les autorités monétaires et politiques à retrousser leurs manches pour limiter les dégâts.

La récession rôde aux États-Unis. Elle met consommateurs et investisseurs sur les dents et oblige les autorités monétaires et politiques à retrousser leurs manches pour limiter les dégâts.

On ne saura pas avant plusieurs mois si le présent passage à vide a l'ampleur d'une récession dont la définition technique n'est d'aucune utilité pour l'heure.

Les fondés de pouvoir tout comme les prévisionnistes n'attendront pas que le National Bureau of Economics Research décrète s'il y a eu bel et bien décroissance durant deux trimestres d'affilée.

Il ne peut le faire maintenant puisque l'activité économique était encore robuste au troisième trimestre l'an dernier. Les chiffres du quatrième ne sont pas encore connus. Quant au présent, il commence à peine.

«Nous sommes maintenant prêts à dire que l'économie américaine est en récession, écrivait pourtant sans ambages mercredi Sherry Cooper, économiste en chef chez BMO Marchés des capitaux. Une chose est certaine: le reste du monde n'est pas à l'abri du ralentissement de l'économie américaine.»

Ce qui l'a convaincue de poser un diagnostic si sévère, c'est l'ampleur de la dégradation du secteur de l'habitation dont on ne voit pas la fin.

Après le marché de la maison neuve, c'est désormais au tour de celui de la revente d'enregistrer un repli des ventes et des prix.

Cette débâcle déprécie la valeur du patrimoine des ménages alors que leur pouvoir d'achat est diminué par les coûts élevés de l'énergie.

Leur confiance est minée par la détérioration des conditions de crédit qui en forcera plusieurs à remettre les clés de la maison à leur prêteur hypothécaire.

Marché du travail

Le marché du travail montre des signes d'essoufflement tandis que les entreprises indiquent qu'elles vont ralentir leurs investissements.

Voilà pourquoi elle prévoit une contraction de 1% de l'économie au premier semestre. Si cela s'avérait, ses effets sur les Américains ressembleraient à celle de 1991.

La Financière Banque Nationale adopte un scénario assez semblable, mais d'autres institutions croient que les États-Unis ont encore des chances de s'en tirer avec un ralentissement sévère.

La Banque du Canada croit ainsi que l'expansion américaine sera limitée à 0,5% en rythme annuel au premier semestre.

Beata Caranci, directrice des prévisions économiques chez Banque TD Groupe financier, juge que cinq conditions doivent être remplies en même temps pour signaler à coup sûr une récession.

Les taux d'intérêt des obligations à long terme doivent être moins élevés que le taux directeur de la Fed, ce qui est le cas maintenant.

L'indice ISM qui prend le pouls du secteur manufacturier doit franchir le seuil de 42. À 47,7, le mois dernier, il s'en rapproche dangereusement.

Les demandes initiales d'assurance-chômage doivent augmenter de plus de 15% dans les mois précédents la contraction. Or, elles sont en hausse d'à peine 6%. Elles ont même baissé depuis deux semaines.

Les permis de bâtir doivent reculer. Ici aucun doute, ils sont en chute libre depuis deux ans.

Enfin, l'emploi doit diminuer dans le secteur privé. Il a fléchi en décembre pour une première fois depuis 2003, mais les données mensuelles sont très volatiles. Mieux vaut attendre un mois ou deux encore avant d'avoir une lecture nette de la situation.

«Bref, tout porte à croire que le ralentissement est prononcé et qu'une récession technique est possible», juge-t-elle tout en privilégiant la première hypothèse.