Malgré le conflit qui s'envenime en Géorgie, le consortium Rabaska continue de croire qu'une entente finale pour l'approvisionnement en gaz naturel de son terminal méthanier sera signée avec Gazprom avant la fin de l'année.

Malgré le conflit qui s'envenime en Géorgie, le consortium Rabaska continue de croire qu'une entente finale pour l'approvisionnement en gaz naturel de son terminal méthanier sera signée avec Gazprom avant la fin de l'année.

«Nous pensons toujours pouvoir conclure les ententes finales d'ici la fin de l'année. Il y a des négociations et ça avance», a indiqué Frédéric Krikorian, porte-parole de Gaz Métro [[|ticker sym='T.GZM.UN'|]], un des trois membres du consortium qui veut construire un terminal méthanier de 840 millions à Lévis pour recevoir le gaz russe.

L'entente de principe conclue en mai dernier entre Rabaska et Gazprom pourrait ne pas résister aux tensions croissantes qui opposent la communauté internationale au gouvernement russe. La Russie a envahi militairement la Géorgie et veut maintenant reconnaître l'indépendance de deux provinces de ce pays, l'Ossétie-du-Sud et l'Abkhasie.

L'attitude du gouvernement de Dmitri Medvedev dans ce conflit a soulevé l'opprobre de tous les pays industrialisés, y compris le Canada, qui menace de ne plus faire d'affaires avec les Russes.

«Nous allons bien sûr tout réexaminer», a répondu le premier ministre Stephen Harper la semaine dernière alors qu'il était interrogé sur le sort de l'entente conclue entre Rabaska et Gazprom. «Le message est que ce n'est pas business as usual avec la Russie», a-t-il dit.

Chez Gaz Métro, même si on préfère laisser la politique aux politiciens, on voit mal comment le gouvernement pourrait empêcher deux entreprises commerciales de faire des affaires ensemble. «On a déjà obtenu tous les permis nécessaires», rappelle le porte-parole de Gaz Métro, qui fait équipe avec Gaz de France et la canadienne Enbridge dans le projet Rabaska.

Le gouvernement fédéral a donné son aval à Rabaska en mars dernier. Le projet de terminal méthanier a aussi été approuvé par le gouvernement du Québec et il a obtenu toutes les autorisations environnementales qui lui ont été demandées.

Le poids de Gazprom

«Nous, on chemine», a ajouté le porte-parole de Gaz Métro, qui ajoute que beaucoup d'autres entreprises canadiennes qui font des affaires en Russie seraient touchées advenant une rupture des relations commerciales.

Beaucoup d'entreprises canadiennes ont des intérêts dans l'ex-Union soviétique, mais dans le cas de Rabaska, elle traite avec la plus importante entreprise de Russie, contrôlée par le gouvernement et dont le pouvoir politique est immense. Le président de la Russie, Dmitri Medvedev, est passé du siège de PDG de Gazprom à celui qu'il occupe actuellement. Gazprom a donc une valeur de symbole importante pour quiconque voudrait faire des représailles contre la Russie.

Tant que le contrat avec Rabaska n'aura pas été conclu, le risque d'avortement du projet subsiste. «C'est peut-être une possibilité, estime l'analyste Daniel Shteyn, de Valeurs mobilières Desjardins, même si on se demande si un gouvernement peut annuler une entente entre des entreprises qui ne dépendent pas de l'État».

L'entente conclue entre Rabaska et Gazprom prévoit que le géant russe prendra une participation dans le terminal qui sera construit à Lévis et cet investissement étranger pourrait peut-être être bloqué par les autorités fédérales, si le gouvernement mettait ses menaces à exécution.

Le Canada a toutefois plus besoin du gaz naturel que Gazprom a besoin du Canada. Rabaska a cherché longtemps un approvisionnement à long terme pour son terminal et Gazprom est courtisée par plusieurs autres promoteurs de terminaux méthaniers.

Si tout se passe comme prévu, la construction du terminal commencera en 2010 et les premières livraisons de gaz russe arriveront en 2014. L'entente, dont les termes n'ont pas été dévoilés, porte sur des livraisons de gaz totalisant 20 milliards de dollars pendant une période de 25 ans.