La ministre des Finances Monique Jérôme-Forget ne bluffait pas cette semaine en affirmant que l'argent continue d'entrer dans les coffres de l'État, comme s'il n'y avait pas de ralentissement économique.

La ministre des Finances Monique Jérôme-Forget ne bluffait pas cette semaine en affirmant que l'argent continue d'entrer dans les coffres de l'État, comme s'il n'y avait pas de ralentissement économique.

Les ventes au détail en avril ont bondi de 3,4% au Québec, les consommateurs reprenant le temps perdu en mars quand ils croulaient sous la neige.

Statistique Canada a aussi indiqué hier que ce rattrapage était le grand responsable du gain de 0,6%, d'un océan à l'autre. Depuis un an, les dépenses des ménages canadiens dans les magasins progressent de 4,2%. Les Québécois, qui bénéficient de réductions d'impôt des deux niveaux de gouvernement, font mieux avec 4,6%.

Fait qui en surprendra plus d'un un, c'est en Alberta où les ménages font preuve de la plus grande parcimonie. Depuis un an, leurs dépenses chez les détaillants sont en hausse de 1,0%.

Les ventes des concessionnaires d'autos neuves ou d'occasion, tout comme celles des centres de rénovation, de jardinage ou de matériaux de construction étaient à la baisse.

Si on exclut les ventes des concessionnaires, le chiffre d'affaires des autres détaillants a bondi de 1,1%.

Les consommateurs ont préféré se ruer dans les boutiques de vêtements, magasins de meubles, fournisseurs de matériel informatique ou d'électroménagers.

Évidemment, les ventes des stations-service étaient aussi à la hausse puisque le prix du carburant a grimpé de 6% au cours du mois, précise l'agence fédérale.

Exprimées en volume plutôt qu'en valeur, les ventes des détaillants ont progressé de 0,5% en avril et progressent de 4,2% depuis un an. «Au début du deuxième trimestre, les ventes réelles ont monté de 2,0% au Canada et reculé de 1,3% aux États-Unis, note Stéfane Marion, économiste en chef adjoint à la Financière Banque Nationale. Contrairement à ceux des États-Unis, les ménages canadiens sont encore favorisés par les termes de l'échange qui contiennent l'inflation au détail et gonflent le pouvoir d'achat.»

Elles auront contribué à l'expansion de l'économie au cours du mois. «Il devient plus probable que l'économie canadienne parviendra à éviter la récession, ce qui devrait rassurer les investisseurs», se réjouit prudemment Benoit P. Durocher, économiste senior chez Desjardins.

«Conjuguées aux robustes ventes des manufacturiers et des grossistes au cours du mois, ces ventes pourraient avoir fait rebondir le PIB de 0,4% en avril après deux replis d'affilée», signale de son côté Douglas Porter, économiste en chef adjoint chez BMO marchés des capitaux.

Pour expliquer le regain du consommateur en avril, il n'y a pas que le printemps. «Gardons aussi à l'esprit que les diminutions d'impôt rétroactives stimulent un peu les dépenses aussi ce printemps», rappelle Millan Mulraine, stratège économiste chez TD valeurs mobilières.

Cela ne signifie pas pour autant que le temps soit revenu au beau fixe. L'ascension soutenue des prix à la pompe mine depuis la confiance du consommateur et l'incitera à modérer ses dépenses.