Que diriez-vous d'un petit rouge avec ça?

Que diriez-vous d'un petit rouge avec ça?

Ne commandez jamais de vin sans vous être d'abord assuré que vos convives ont envie d'en boire, suggère Tony Hooper, chef viniculteur pour la maison australienne Wyndham Estate.

S'ils refusent, n'insistez pas et ne commandez pas d'apéritif alcoolisé.

«Et surtout, ne demandez aucune explication», ajoute-t-il.

Un cadre parmi ses amis se souvient encore d'une erreur qu'il a commise il y a 20 ans.

Au cours d'un souper d'affaires, il a demandé à l'une des convives qui refusait le vin: «Vous prenez des antibiotiques?»

Elle a répondu: «Non. Je suis alcoolique» sur un ton qui ne laissait aucun doute sur le sérieux de la bévue et sur la tournure que prendrait le repas.

Autre conseil: si c'est vous qui avez organisé le repas et invité les convives, c'est à vous qu'il revient de commander le vin.

Une tâche qui peut s'avérer intimidante si les petits et grands vins ne sont pas votre... tasse de thé!

Voilà pourquoi Tony Hooper recommande de se familiariser avec la carte des vins avant le repas et de faire une présélection avec le sommelier ou un serveur expérimenté.

«Quitte à venir au restaurant la veille de la rencontre, dit-il. Cela vous évitera de choisir parmi une énorme sélection et à hésiter plus que nécessaire devant vos invités.»

Une question revient souvent: quelle quantité faut-il commander?

Les néophytes ont tendance à croire que le nombre de bouteilles commandées traduit la générosité de celui qui les offre.

Rien n'est moins vrai, souligne le spécialiste. La qualité doit prévaloir. On estime qu'une bouteille suffit pour cinq personnes.

«Ce qu'il faut à tout prix éviter, insiste M. Hooper, c'est l'ivresse. Quand on brasse des affaires, il s'agit d'une rencontre et non d'une fête! Vous devez demeurer vif, alerte et avoir les idées claires.»

Quel prix payer?

Quel prix faut-il payer? Faut-il choisir un vin dont le prix est à deux ou trois chiffres?

La règle que l'on retrouve dans le Guide Wyndham Estate du vin et des affaires - Conseils pratiques pour vos repas d'affaires est simple.

L'addition ne doit pas être démesurée par rapport à l'occasion.

Encore faut-il être en mesure de prévoir quelle tournure prendra une discussion engagée au-dessus d'un gigot d'agneau braisé à la Toscane et d'un Cabernet sauvignon BIN 444, millésime 2004.

Même si les bonnes manières restent inchangées, un repas d'affaires dont le but est de faire connaissance avec un client potentiel prendra une tournure différente de celui à l'issue duquel votre entreprise conclura l'entente du siècle.

Mais dans un cas comme dans l'autre, il convient d'être prudent.

Le conseil du chef viniculteur australien à cet égard: «Un repas particulièrement cher, accompagné de vins prestigieux, donnera à vos invités l'impression que vous essayez de les acheter.»

Prenez connaissance à l'avance de la politique de votre entreprise sur les frais de représentation.

«Certaines entreprises, rappelle Tony Hopper, imposent des limites quant à la somme dépensée pour l'alcool.»

Sur quelle base doit-on choisir la catégorie de prix du vin?

Si le prix du plat principal est de 10 à 20$, une bouteille de 20 à 30$ fera l'affaire. Entre 20 à 30$, on choisira une bouteille de 30 à 50$. Entre 30 et 40$, voire plus, une bouteille dont le prix se situe entre 40 et 60$ s'impose.

Petit truc que propose le Guide: lorsque vous avez la carte des vins en main, placez-la pour que le sommelier puisse la voir et dites, en montrant du doigt le prix d'un vin: «J'aimerais commander un vin de cette gamme.»

Il comprendra et montrera un vin de façon à ce que vous puissiez en apprécier le prix.

Et si vous ne voulez pas nuire à votre image, évitez d'interrompre la conversation pour faire de la dégustation un spectacle.

Si, dans le même ordre d'idées, on vous apporte un 2004 alors que vous avez choisi un 2003, pas d'esclandre, demandez plutôt: «J'ai commandé un 2003. Pouvez-vous vérifier si vous l'avez en réserve?»

Et si le restaurant n'a plus le vin que vous avez commandé, plutôt que de revoir la carte de fond en comble, demandez qu'on vous recommande un vin semblable.

Si ce n'est pas du liège, ce n'est pas du vin

Les temps changent. Les bouchons aussi

De nos jours, de plus en plus de vins de qualité se présentent dans des bouteilles à bouchon dévissable conçu pour bien conserver et protéger le vin.

Ne soyez donc ni surpris ni déçu si la bouteille de vin que vous avez choisie n'a pas de bouchon de liège. Avant de le goûter, Tony Hooper recommande de faire tourner légèrement le verre pour laisser le vin s'aérer et s'ouvrir.

«Ce n'est pas le moment de faire tourner le verre de façon extravagante et d'asperger le voisinage», précise-t-il.

Laissez le verre sur la table, tenez-le par la base ou par le pied et faites-le tourner doucement pendant quelques secondes.

Quand vous goûter le vin, l'objectif n'est pas de juger si vous l'aimez ou non, mais bien de vous assurer qu'il n'est pas altéré.

Selon les spécialistes du magazine Wine Spectator, environ 10% des vins que nous goûtons sont bouchonnés. Alors ne soyez pas surpris qu'un jour cela vous arrive.

Dans les grands restaurants, le sommelier goûtera lui-même le vin avant de vous le servir.

Cette attention, en règle générale, se reflète habituellement sur l'addition.

«Pour réussir un dîner d'affaires, conclut Tony Hooper, le plus important à part le vin, australien bien sûr, c'est de bien doser tous les ingrédients qui mettent les gens à l'aise et savoir à quel moment il faut mettre de l'eau dans son vin.»

Santé!

Expert du protocole

Les entreprises désireuses d'ajouter aux connaissances de leurs cadres en matière de bienséance, d'étiquette, de protocole, bref de comportement en milieu d'affaires peuvent s'adresser à Louis Dussault, l'un des rares experts québécois a donner cette formation.

Directeur du Centre d'études sur le protocole de l'UQAM, nouvellement créé, il est licencié en droit de l'Université Laval.

Il a été adjoint au chef du protocole du gouvernement du Québec, chef du protocole à la Ville de Montréal où, jusqu'à tout récemment, il occupait le poste de conseiller en relations internationales.

Ce gourou des bonnes manières est l'auteur d'un ouvrage qui fait autorité Le protocole, instrument de communication.

Récemment traduit en chinois, cet ouvrage qui donne la mesure des exigences protocolaires qui ont cours ici a également fait l'objet d'un abrégé à l'intention des Chinois qui se rendent en Occident.

Louis Dussault peut être joint au 514-879-9613