À vol d'oiseau, en Bourse, le secteur des titres de l'industrie forestière a encore l'allure d'un surlendemain de feu de forêt.

À vol d'oiseau, en Bourse, le secteur des titres de l'industrie forestière a encore l'allure d'un surlendemain de feu de forêt.

Environs immédiats un peu tristes.

Mais au raz du sol du brûlis, tout bon forestier sait que les espèces florales et arboricoles les plus vigoureuses ont déjà entrepris la renaissance.

En Bourse, aussi, certaines entreprises de produits papetiers et forestiers valent un nouveau coup d'oeil, suggèrent des analystes.

Après des trimestres de déprime, certains titres recèlent un potentiel intéressant. Surtout les entreprises qui se sont diversifiées à l'extérieur de l'Est du Canada, du Québec en particulier.

Cela n'empêche pas deux entreprises de produits papetiers dirigées de Montréal, Cascades et Domtar, de figurer en tête de liste des recommandations d'analystes.

Cascades serait bien positionnée pour profiter de la vague de rationalisation qui s'amorce dans l'industrie des cartons en Amérique du Nord, estime Benoît Laprade, analyste spécialisé à Capitaux Scotia.

Cascades devrait aussi profiter d'une baisse anticipée du coût des fibres recyclables, son intrant de première importance. Cette baisse est attendue après la fermeture ou l'arrêt de plusieurs usines de papier journal, face à l'atrophie de ce marché.

Cette atrophie demeure un défi considérable pour une autre grande papetière dirigée de Montréal, Abitibi-Consolidated.

«Elle risque d'autres grosses pertes de liquidités avec la faiblesse persistante des marchés du bois d'oeuvre et du papier journal, combiné à l'impact de la hausse du dollar canadien», résume Pierre Lacroix, analyste à Valeurs mobilières Desjardins, dans une récente note aux investisseurs.

Tout le contraire de Domtar, dont le recentrage vers les papiers d'impression et l'expansion aux États-Unis, par alliances et acquisitions, lui valent de bons points chez les analystes.

«Domtar est désormais au sommet de l'industrie du papier d'impression en Amérique du nord. C'est un segment du marché papetier à bon potentiel, après la rationalisation de l'offre ces dernières années», estime Chip Dillon, analyste à Citigroup Global Markets, à New York.

«De plus, avec les trois quarts de sa capacité de production de papier d'impression située aux États-Unis, Domtar devrait profiter de la baisse du dollar américain et être concurrentielle sur les marchés internationaux.»

D'ailleurs, s'il demeure un coûteux embêtement pour les industriels forestiers au Canada, l'évolution du taux de change devrait rehausser l'intérêt des investisseurs pour des entreprises américaines.

Entre autres, les International Paper, Smurfit-Stone et Weyenheauser figurent en tête de liste des recommandations d'analystes.

En contrepartie, les géants papetiers d'origine scandinaves, naguère favoris en Bourse pour leur expansion en Asie et en Amérique du Sud, perdent du galon.

Les analystes ne perçoivent pas encore d'indices de la fin de la glissade de leurs résultats financiers face aux conditions de marché et monétaires plus difficiles dans leur fief européen.

Mais du côté américain, «International Paper, l'une des plus grosses papetières au monde, est bien diversifiée dans les créneaux du marché et les régions du monde à meilleur potentiel de croissance», souligne encore M. Dillon.

«De plus, International Paper achève une rationalisation d'actifs qui lui a rapporté 11 milliards$US depuis deux ans. Ces fonds ont servi à investir dans des économies émergentes, tout en réduisant la dette et en rémunérant les actionnaires.»

Quant à Smurfit-Stone et Weyenheauser, toutes deux aussi en fin de recentrage d'actifs, c'est la possibilité de leur fusion à plus ou moins brève échéance qui devrait aguicher les investisseurs.

«C'est un scénario possible avec les tourments du marché du crédit et l'inquiétude suscitée par le ralentissement économique aux États-Unis, qui risque de nuire à d'autres transactions d'actifs par ces entreprises», selon Benoît Laprade, de Capitaux Scotia.