C'est un bon vieux client de Bombardier, Lufthansa (T.BBD.B), qui a accepté d'être le client de lancement de la CSeries.

C'est un bon vieux client de Bombardier, Lufthansa [[|ticker sym='T.BBD.B'|]], qui a accepté d'être le client de lancement de la CSeries.

Le transporteur européen a signé une lettre d'intérêt pour un maximum de 60 appareils, qui feront l'objet d'un maximum de 30 commandes fermes et de 30 options. À 46,7 millions de dollars l'avion, on parle d'une commande potentielle totale de 2,8 milliards.

La direction de Bombardier avait fait savoir qu'elle espérait lancer la CSeries avec plus d'un client et avec de 50 à 100 commandes. Hier, le président de Bombardier, Pierre Beaudoin, a expliqué pourquoi il lance le programme avec un seul client.

«Un lancement avec Lufthansa, c'est un scénario que nous aimons beaucoup puisque c'était le client de lancement du biréacteur régional CRJ, a-t-il déclaré en entrevue avec La Presse. Évidemment, nous voudrions annoncer d'autres clients, mais nous ne choisissons pas toujours le moment. Nous avons quand même jugé qu'il n'y avait plus de raison d'attendre, surtout si nous voulons que l'avion soit là en 2013.»

En conférence de presse, le président de Bombardier Avions commerciaux, Gary Scott, le père de la CSeries, a soutenu que les discussions se poursuivaient avec d'autres sociétés aériennes. Il a rappelé que Qatar Airways et la firme de location International Lease Finance Corporation (ILFC) avaient exprimé leur intérêt pour la CSeries.

Qatar a réservé une salle de conférence pour rencontrer les médias aujourd'hui à Farnborough. Il pourrait être question de la CSeries. Selon l'analyste Jacques Kavafian, de Research Capital, ILFC serait également sur le point d'annoncer des commandes importantes touchant plusieurs modèles d'avion.

«Je suis sûr qu'il y aura d'autres commandes de CSeries d'ici la fin de la semaine, a-t-il déclaré après avoir assisté au lancement de la nouvelle famille d'appareils. Je pense que Bombardier peut sortir de Farnborough avec 200 commandes.»

L'analyste Chris Murray, des Marchés mondiaux CIBC, s'attend également à d'autres annonces. «Le salon n'est pas fini, a-t-il déclaré. En fait, il n'est pas encore commencé.»

L'ouverture du salon de Farnborough aura en effet officiellement lieu ce matin.

M. Murray a également souligné la notoriété et la solidité de Lufthansa. «La compagnie a fait savoir que, même avec la flambée de coûts du carburant, elle aura cette année une rentabilité similaire à celle de l'année dernière, a-t-il souligné. C'est une entreprise en santé.»

Un appareil moins énergivore

Le vice-président principal responsable de la flotte de Lufthansa, Nico Buchholz, a affirmé hier que la CSeries complétait bien les autres appareils de l'entreprise. Il a tenu à souligner les performances de la nouvelle famille en matière de consommation de carburant, d'émissions polluantes et de bruit.

Selon Gary Scott, la CSeries devrait émettre jusqu'à 20% moins de gaz carbonique et 50% moins d'anhydride sulfureux en plus d'être quatre fois plus silencieuse que les appareils similaires actuellement en service. En outre, elle devrait consommer jusqu'à 20% moins de carburant et faire épargner jusqu'à 15% des coûts d'exploitation.

«C'est l'appareil qu'il nous faut», a lancé M. Buchholz, avant de préciser que Lufthansa devrait transformer sa lettre d'intérêt en commandes fermes et en options au cours de l'année.

Pour réaliser cette performance financière et environnementale, la CSeries compte sur des matériaux composites très légers, mais aussi sur un nouveau moteur, la turbosoufflante à réducteur de Pratt&Whitney.

Comme prévu, Shenyang Aviation Corporation, filiale de la société chinoise AVIC I, fabriquera le fuselage central de l'appareil. L'usine Shorts de Bombardier à Belfast réalisera les ailes, comme elle devait le faire pour la première version de la CSeries.

Bombardier a annoncé d'autres fournisseurs hier, soit Rockwell Collins pour l'avionique, C&D Zodiac pour l'intérieur de l'appareil, Parker Hannifin Corporation pour les systèmes hydrauliques et Liebherr-Aerospace Toulouse pour le système de gestion de l'air.

Aucun fournisseur québécois n'a encore été choisi, mais le président-directeur général de l'Association québécoise de l'aérospatiale, Jacques Saada, voit quand même beaucoup de potentiel dans le projet. «C'est un programme qui aura 50 ans d'existence, a-t-il affirmé. C'est un demi-siècle de travail pour nos PME.»

Le président-directeur général de l'Association des industries aérospatiales du Canada, Claude Lajeunesse, était également tout sourire hier, au Pavillon CSeries de Bombardier à Farnborough.

«C'est une excellente nouvelle quand un chef de file de l'industrie annonce quelque chose comme ça, a-t-il déclaré. Tout le monde va en profiter éventuellement.»