Chantiers Davie (T.DAV) essaie de se faire discrète, mais elle lorgne d'alléchants contrats du côté du gouvernement canadien.

Chantiers Davie [[|ticker sym='T.DAV'|]] essaie de se faire discrète, mais elle lorgne d'alléchants contrats du côté du gouvernement canadien.

Dans son budget, le ministre des Finances Jim Flaherty a annoncé cette semaine le remplacement de son plus gros brise-glace, le Louis St-Laurent, par un navire encore plus imposant.

Le Louis St-Laurent, construit à Montréal par la Canadien Vickers en 1969, doit être mis hors service en 2017. Il sera remplacé par un brise-glace de classe polaire qui aura une capacité plus grande pour fendre les glaces en toutes saisons.

Ce nouveau bâtiment de 720 M$ vient s'ajouter à une liste d'épicerie déjà fort remplie pour le gouvernement fédéral.

Ottawa avait déjà lancé des programmes de 6,9 milliards pour la construction ou la remise à neuf de vaisseaux de soutien mixtes (2,7 milliards), de vaisseaux de la Garde côtière (345 M$), de vaisseaux de patrouille de l'Arctique (3,1 milliards) et de frégates (750 M$).

«Ce sont des travaux que nous pouvons faire, mais notre stratégie, c'est de ne pas parler publiquement de notre stratégie», a déclaré le président de Chantiers Davie, Gilles Gagné, en entrevue téléphonique avec La Presse Affaires jeudi.

Il n'a pas voulu révéler si Davie allait participer à ces appels d'offres afin de ne pas donner trop d'information à la concurrence. Il a toutefois soutenu que son entreprise était, de loin, le plus gros chantier de construction navale au Canada.

Dans le prospectus qu'elle a publié il y a quelques semaines en prévision de son inscription en Bourse qui a eu lieu la semaine dernière, Davie a été plus loin en soutenant qu'elle était l'un des rares chantiers maritimes canadiens à avoir la capacité de construire de nouveaux vaisseaux pour la Marine et la Garde côtière canadienne.

«Entre 1987 et 1994, l'entreprise a construit et livré trois frégates de patrouille pour la marine canadienne, qui comptaient parmi les vaisseaux les plus avancés sur le plan technologique au monde à ce moment-là, et a largement modernisé quatre destroyers de classe Tribal pour la Marine canadienne», a-t-elle fait valoir.

Le président du Syndicat des travailleurs du chantier naval de Lauzon (CSN), Paul-André Brulotte, s'est montré confiant.

«Si le gouvernement va en appel d'offres pour un brise-glace, je suis persuadé que Davie va faire une soumission», a-t-il déclaré.

Davie pourrait faire face à la concurrence d'Irving Shipbuilding, à Halifax, et de Washington Marine Group, en Colombie-Britannique, ou encore de Marystowns Shipyard, à Terre-Neuve.

Le chantier naval Davie, fondé en 1825, a connu des jours particulièrement sombres au début des années 2000 et a dû se placer à l'abri de ses créanciers.

«Au début de 2006, il n'y avait plus personne sur le chantier et ils s'apprétaient à le liquider, s'est rappelé M. Brulotte. Le catalogue était sorti partout dans le monde pour vendre l'outillage. On était dans le trou et on avait commencé à se faire enterrer.»

À la dernière minute, le groupe norvégien Teco a acquis Davie et le chantier a pu décrocher un contrat ferme de 413 M$ US pour trois navires de service pour les plateformes pétrolières et de 225 M$ US pour deux navires pouvant loger les travailleurs de ces plateformes.

Davie compte maintenant 675 employés et devrait en embaucher 325 autres d'ici la fin de l'été. La liste de rappel est déjà épuisée pour certains corps de métier, comme les soudeurs. Il a fallu embaucher de nouveaux travailleurs.

«On les appelle les flambant neufs, a lancé M. Brulotte. C'est la relève, ça va permettre de baisser la moyenne d'âge.»

Le titre de Chantiers Davie a clôturé à 1,50$ jeudi, en hausse de 5,6% par rapport à la veille.