C'est un peu le monde à l'envers.

C'est un peu le monde à l'envers.

En début d'année, bon nombre d'économistes s'attendaient à ce que les États-Unis traversent une légère récession, mais que le Canada parvienne à l'échapper belle.

À l'orée du deuxième semestre, beaucoup sont désormais d'avis que la première économie du monde aura réussi à éviter le pire, mais que le Canada, dont l'Ontario et le Québec en particulier, peinera pour en faire autant.

Le grand coupable de la volte-face canadienne, c'est l'essence qui sape le moral du consommateur alors que celui des Américains était déjà tellement dans les talons qu'on ne comptait pas dessus de toute façon.

Ces derniers jours, tant Desjardins que la Financière Banque Nationale (FBN) ont complété la révision de leur scénario économique. Les deux institutions croient désormais que la croissance réelle sera d'à peine 1% (1,1% selon la FBN), d'un océan à l'autre. En 2009, les deux équipes d'économistes voient une légère accélération de l'expansion à hauteur de 1,9%.

Au Québec, elles prévoient 1% aussi cette année. L'Ontario fera figure de cancre à 0,5% pour toute l'année. À pareille hauteur, une légère récession paraît inévitable.

Desjardins prédit une amélioration en 2009, sous la moyenne canadienne cependant. La FBN n'a pas mis à jour encore ses prévisions provinciales pour l'an prochain.

Les difficultés du secteur automobile et du consommateur américain sur qui repose cette industrie expliquent la contre-performance de la province au trille blanc. L'essor présent de l'aéronautique, qui dépend moins de l'économie américaine, devrait sauver la province fleurdelisée de la décroissance, selon Desjardins.

Le premier trimestre a déçu les prévisionnistes puisque le Canada est arrivé bon dernier du G7, avec une contraction de 0,3% en chiffres annualisés. Le Québec aura fait pire avec un refoulement de 0,8%.

Quel triste contraste avec l'économie américaine qui sera parvenue à avancer de 1%, cet hiver, selon la dernière révision officielle!

Les économies canadienne et québécoise auront sans doute connu un deuxième trimestre meilleur que le premier. Les données d'avril du produit intérieur brut canadien calculé par industrie font d'ailleurs état d'une expansion de 0,4%, après deux reculs mensuels d'affilée.

«Ce qui a fait mal au premier trimestre, c'est la forte correction des stocks, rappelle Hélène Bégin, économiste senior chez Desjardins. Au Québec, ils avaient crû de 3 milliards à l'automne, ils ont baissé de 114 millions cet hiver. C'est une différence énorme. Sans elle, l'économie aurait progressé.»

Si pareil écart ne paraît plus dans les cartes, d'autres atouts ont perdu de leur lustre. Ainsi, Desjardins a calculé que la réduction de la TPS et les baisses d'impôt fédéral et provincial équivalent à une injection de 3,2 milliards dans la société distincte.

«Dans le cas où les prix de l'essence toucheraient plutôt 1,40$ le litre en moyenne cette année, la réduction du fardeau fiscal serait complètement engloutie», note Mme Bégin. Les prévisions de l'institution lévisienne misaient beaucoup sur l'allégement fiscal pour stimuler la consommation.

Chez la FBN, on croit toujours que l'économie canadienne aura renoué avec l'expansion au cours du printemps grâce à la robustesse du marché de l'emploi, des taux d'intérêt réels faibles et des finances publiques saines. «Mais notre pays ne sortirait pas indemne d'une récession modérée au sud de la frontière, prévient Stéfane Marion, son économiste en chef adjoint. De forts vents contraires souffleront sans doute en 2008 au Québec et en Ontario.»

La FBN prévoit une croissance de 1,2% cette année et de 1,6% en 2009 aux États-Unis. Il s'agit d'une bonification dans les cas par rapport à son scénario précédent.

Desjardins est un brin plus pessimiste pour l'an prochain avec 1,3%. Il s'agit d'une révision à la baisse dans son cas.