Gazprom a tellement aimé le projet Rabaska qu'il a accepté jeudi d'en devenir actionnaire. Le géant russe prévoit maintenant livrer ses premières cargaisons de gaz naturel liquéfié (GNL) au terminal de Lévis en 2014.

Gazprom a tellement aimé le projet Rabaska qu'il a accepté jeudi d'en devenir actionnaire. Le géant russe prévoit maintenant livrer ses premières cargaisons de gaz naturel liquéfié (GNL) au terminal de Lévis en 2014.

«On ne se présente pas ici les mains vides. Il y aura du gaz pour Rabaska pour de longues années», a indiqué hier le numéro 2 de Gazprom, Alexander Medvedev, lors d'un point de presse dans la capitale.

Comme Le Soleil l'a révélé mardi, le producteur russe de gaz naturel a confirmé qu'il avait choisi le projet Rabaska pour commencer le déploiement de sa plate-forme énergétique en Amérique du Nord.

Pour faire place à Gazprom en sein de l'actionnariat de Rabaska, les promoteurs Gaz Métro, Gaz de France et Enbridge ont toutefois convenu de réduire leur participation égalitaire dans le projet de terminal méthanier.

De combien? «Entente confidentielle», a laissé tomber le vice-président de Gazprom avant d'ajouter que la participation de sa société dans Rabaska se voulait «équitable» et «qu'il ne se sentait aucunement discriminé» par l'accord.

Jeudi, chez Gaz Métro [[|ticker sym='T.GZM.UN'|]], on jubilait. «C'est un grand jour pour le Québec, a fait savoir la présidente, Sophie Brochu. On y a toujours cru et aujourd'hui on récolte les fruits de nos efforts.»

Le Québec d'abord

Selon le vice-président de Gazprom, le gaz russe devrait desservir en priorité les marchés québécois et ontarien. «Le marché canadien est très attrayant», a-t-il fait savoir.

Car pour Gazprom, la prise de participation dans Rabaska s'inscrit dans une première démarche d'affaires en Amérique du Nord.

Jeudi, M. Medvedev a fait savoir que la société russe avait l'intention de desservir d'autres terminaux méthaniers en Amérique. Il a cependant fermé la porte à un partenariat éventuel avec Énergie-Cacouna dans le Bas-Saint-Laurent.

Plusieurs experts soutiennent d'ailleurs que les prix du gaz naturel nord-américain seront appelés à «exploser» au cours des prochaines années.

Pour l'heure, 1000 pieds cubes de gaz naturel se vendent en Amérique du Nord près des 12 $ US, alors que la même quantité s'écoule au double du prix en Europe et au triple dans certains marchés asiatiques comme le Japon.

«Gazprom fait le pari que le prix du gaz naturel pourrait progresser de façon importante en Amérique du Nord d'ici cinq à 10 ans», a fait remarqué jeudi Jean-Thomas Bernard, professeur spécialiste des questions énergétiques à l'Université Laval.

D'après celui-ci, la forte demande pour le gaz naturel en Amérique du Nord devrait pousser les prix vers le haut au fur et à mesure que les réserves de l'Ouest canadien et des États-Unis s'amenuiseront.

Une situation que la grande patronne de Gaz Métro ne voit pas du même oeil. «C'est un peu comme le principe de la deuxième boulangerie dans un village, a-t-elle illustré. Une nouvelle source d'approvisionnement devrait donc aider à stabiliser les prix.»

D'ici là, Gazprom et ses nouveaux partenaires d'affaires ont convenu de se revoir d'ici la fin de l'année pour conclure définitivement des accords sur les approvisionnements à venir.

Le président de Rabaska, Glenn Kelly, aimerait d'ailleurs s'entendre sur un contrat d'approvisionnement ferme d'une durée de 25 ans, dont la valeur estimée pourrait dépasser les 20 milliards de dollars.