Non, non, et non: les autorités américaines ont opposé plusieurs refus récemment aux biotechs québécoises qui tentaient de commercialiser des médicaments aux États-Unis. Tant et si bien que celles-ci se font maintenant dire... d'aller cogner à d'autres portes.

Non, non, et non: les autorités américaines ont opposé plusieurs refus récemment aux biotechs québécoises qui tentaient de commercialiser des médicaments aux États-Unis. Tant et si bien que celles-ci se font maintenant dire... d'aller cogner à d'autres portes.

«On conseille à toutes les entreprises dans lesquelles on investit de regarder ailleurs, surtout en Europe et au Japon, dit Maha Katabi, vice-présidente, sciences de la vie, chez Ventures West -une entreprise de capital-risque canadienne. Ce sont deux territoires où les processus d'approbation de médicaments sont bien établis et où les marchés sont assez importants.»

Mme Katabi a tenu ses propos hier en marge du rendez-vous annuel de la biotechnologie québécoise, Biomedex, qui se déroulait sur le thème... de la mondialisation.

C'est qu'avec le ralentissement américain et les difficultés croissantes à faire approuver des médicaments chez l'Oncle Sam, les biotechs québécoises sont de plus en plus nombreuses à explorer de nouveaux territoires.

Au coeur des préoccupations se trouve l'attitude de la Food and Drug Administration, la FDA, qui se montre de plus en plus réticente à autoriser de nouveaux médicaments.

Au Québec, des entreprises comme Neurochem et Labopharm ont essuyé des refus dans la toute dernière ligne droite de la panoplie d'études qu'elles doivent mener avant d'amener leurs produits sur les tablettes des pharmacies américaines.

Selon Mme Katabi, des scandales comme celui du Vioxx, qui a été retiré du marché après qu'on eut constaté qu'il augmentait le risque d'accidents vasculaires cérébraux, ont certainement contribué à resserrer la vigilance. Mais pour elle, le principal problème de la FDA est ailleurs.

«C'est surtout qu'il s'agit d'une organisation politique», dit-elle.

«On essaie de resserrer les budgets dépensés pour la santé aux États-Unis, explique-t-elle. La tendance est donc de rembourser moins de médicaments et d'être beaucoup plus sévère envers les compagnies. On avait vu ça dans les années 70: la FDA était à la fois très sévère et allait dans toutes sortes de directions. On avait bien du mal à suivre s'il y avait une ligne directrice ou pas.»

Impossible, évidemment, d'oublier complètement le marché américain. «Mais vu que nos horizons d'investissement sont sur quatre, cinq, six ans, on suggère d'aller explorer ailleurs en attendant que ça se replace un peu à la FDA», dit Mme Katabi, qui souligne que de nouveaux marchés intéressants comme la Chine, l'Inde, la Russie et l'Amérique du Sud se développent très rapidement.

Aller chercher de l'argent

Mais le virage vers de nouveaux territoires n'est pas seulement motivé par l'approbation de produits.

On peut aussi l'utiliser pour dénicher des sous, une étape cruciale pour les biotechs qui doivent toutes composer avec la même quadrature du cercle: il faut de l'argent pour découvrir des médicaments... mais il faut vendre des médicaments pour avoir de l'argent.

En 2005, par exemple, le patron de Biosyntech, Claude Leduc, cherchait de l'argent aux États-Unis, en vain.

«On se faisait offrir des choses ridicules», se rappelle-t-il. Il décida alors d'élargir ses horizons. Il décrocha 6 millions d'une entreprise indienne, puis 1,2 million... en Corée. Fort de ses appuis, il retourna ensuite voir les investisseurs américains... et leur soutira 21 millions.

Sa conclusion: «Il faut aller partout ou ça bouge. Et ne pas compter uniquement sur le Québec inc. pour soutenir la biotechnologie au Québec.»

Et avec le ralentissement américain, le sud de la frontière est de moins en moins perçu comme la seule autre solution.