Le constructeur aéronautique américain Boeing essuyait samedi son premier jour de grève, avec peu de visibilité sur la durée de ce débrayage qui bloque la production à un mauvais moment et pourrait coûter à l'avionneur plus de 100 millions de dollars par jour.

Le constructeur aéronautique américain Boeing essuyait samedi son premier jour de grève, avec peu de visibilité sur la durée de ce débrayage qui bloque la production à un mauvais moment et pourrait coûter à l'avionneur plus de 100 millions de dollars par jour.

Le débrayage, qui concerne 27 000 mécaniciens, soit 16% environ des effectifs de Boeing, a démarré à 7h01 GMT (3h01 HAE) sur plusieurs sites, a indiqué un porte-parole de Boeing à l'AFP.

Sans chiffrer le nombre de sites affectés par les piquets de grève, ce porte-parole a souligné que cela n'affectait pas l'ensemble des sites de Boeing.

«Nous sommes une grande compagnie, avec 160 000 employés, et nous avons plusieurs sites qui ne comptent pas de mécaniciens», a fait valoir Tom Healy.

Ce mouvement de grève, la quatrième du syndicat des mécaniciens (IAM) en deux décennies, fait suite à un bras de fer infructueux ces derniers jours entre syndicat et direction pour entériner un nouvel accord collectif pluriannuel.

Des propositions faites par Boeing ont été rejetées fin août par l'IAM, qui les a jugées insuffisantes, et le principe de la grève avait été massivement approuvé par les mécaniciens mercredi dernier, à 87% des voix.

Toutefois, au vu de l'enjeu d'une grève pour Boeing --qui a pris près de deux ans de retard sur son futur avion de ligne 787, promis à un gros succès commercial, et tourne par ailleurs à plein régime face à une forte demande mondiale en avions civils--, les parties s'étaient données 48 heures supplémentaires pour obtenir un accord de dernière minute. En vain.

Interrogé sur les suites de la grève, Tom Healy a renvoyé la balle dans le camp de l'IAM: «Nous sommes ouverts à une rencontre avec le syndicat, mais à ce stade, aucune discussion n'a été prévue».

Contacté par l'AFP, l'IAM n'était pas joignable dans l'immédiat.

Quant au coût pour Boeing, évalué par les analystes à un manque à gagner sur les revenus de 100 millions de dollars par jour, soit quelque 3 milliards de dollars par mois, M. Healy a indiqué qu'«il est prématuré à ce stade de parler d'impact financier».

«Nous allons publier nos résultats du troisième trimestre (clos fin septembre, ndlr) bientôt, et nous discuterons des conséquences financières à ce moment», a-t-il ajouté.

A fin juin, le groupe disposait d'une trésorerie, entre cash et investissements, de plus de 10 milliards de dollars.

Lors de ses prochains résultats, Boeing ne pourra pas non plus faire l'impasse sur un nouveau point concernant le 787, et un éventuel nouveau retard.

Long-courrier de nouvelle génération promettant des économies de carburant à ce jour inédites sur le marché, commandé à déjà près de 900 exemplaires par des compagnies du monde entier, le 787 a connu des problèmes à répétition ces derniers trimestres au niveau de sa production.

Selon le dernier report de calendrier annoncé en avril, les premiers vols d'essais du 787 sont prévus au quatrième trimestre, soit entre octobre et décembre, avec de premières livraisons au troisième trimestre 2009.

Certains commentateurs spéculaient déjà samedi sur aucun vol d'essai avant 2009.

Sur le sujet, M. Healy a seulement indiqué que «nous n'assemblerons pas d'appareils pendant la grève», comme l'avait annoncé Boeing la veille.

Le débrayage est essentiellement concentré dans la région de Puget Sound, dans l'Etat de Washington (cote nord-ouest des Etats-Unis), où près de 25 000 mécaniciens sont employés.

C'est la région «où nous assemblons nos avions», a précisé M. Healy, ajoutant qu'«il y a principalement le site d'Everett, et d'autres sites plus petits».

Selon les médias américains, des piquets de grève ont aussi été constatés sur des sites des Etats de l'Oregon (cote-ouest) et du Kansas (centre) par les 2000 autres mécaniciens de Boeing.