L'entrée officielle du maître-indice américain S&P 500 dans un marché baissier (bear market) au moment où commence la divulgation des résultats du deuxième trimestre amène plusieurs analystes à réviser leurs prévisions.

L'entrée officielle du maître-indice américain S&P 500 dans un marché baissier (bear market) au moment où commence la divulgation des résultats du deuxième trimestre amène plusieurs analystes à réviser leurs prévisions.

Cela s'impose d'autant que l'optimisme gaillard de janvier cède le pas à la morosité capitularde, à mesure qu'on réalise que la crise du marché de l'habitation s'étire plus longtemps qu'on pensait et que la cherté de l'énergie décourage la consommation.

Ainsi, la prévision consensuelle des analystes américains, selon l'agence Thomson fixe à 89,60$ le bénéfice de l'indice pour l'ensemble de 2008.

Tant Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux, que Pierre Lapointe, stratège adjoint à la Financière Banque Nationale, estiment que la cible est désormais trop élevée. Le premier la ramène 82$, le second à 80$.

«Les prévisions de bénéfices au second semestre restent trop élevées, résume M. Delisle. Pour qu'elles se matérialisent, il faudrait un bond de 15% et de 68% des bénéfices aux troisième et quatrième trimestres.»

M. Lapointe renchérit en faisant ressortir que, durant les dernières récessions, les analystes ont révisé à la baisse de plus de 25% en moyenne leurs prévisions de revenus. Jusqu'ici cette année, la baisse de leurs prévisions atteint à peine 11,8% alors que l'économie américaine paraît enlisée.

«L'environnement économique difficile de ces derniers temps pourrait forcer beaucoup de sociétés à avertir le marché qu'elles ne respecteront pas les prévisions du consensus des analystes», prédit-il.

Au deuxième trimestre, on s'attend à ce que les bénéfices aient diminué pour la quatrième fois d'affilée.

Historiquement, un marché baissier dure en moyenne 16 mois durant lesquels le S&P 500 s'allège de 30% de sa valeur. Si la moyenne devait se répéter, cela le mènerait aux environs des 1100 points à la fin de l'année. Mais une moyenne n'est pas une cible, c'est au mieux une direction.

Robustesse au Canada

Du côté canadien, la robustesse du secteur énergétique masque le fait que la majorité des titres sont en territoire baissier. Depuis son sommet de 15 073 points en juin, l'indice phare S&P/TSX s'est replié de 9%. Selon les calculs de M. Delisle qui a recensé les six derniers marchés baissiers canadiens, leur durée moyenne s'élève à 13 mois durant lesquels l'indice abandonne 33% de valeur.

Si le S&P/TSX dans son ensemble devenait baissier, alors il tomberait aux environs des 10 000 points d'ici un an.

Depuis le début de l'année, il est étal cependant, grâce aux actions des sociétés gazières, des fabricants d'engrais et de quelques rares vedettes comme Research in Motion, fabricant du BlackBerry.

«Si on exclut les 10 titres les plus performants de l'indice torontois, qui ont réalisé 175% des gains, nous sommes dans un marché baissier sanglant, le pire depuis 1980», estime M. Delisle.

Il rappelle que la majorité des analystes financiers ne pratiquaient pas encore à cette époque. Plusieurs avaient à peine le nombril sec.

Néanmoins, la robustesse des prix du pétrole et du gaz naturel oblige M. Delisle à revoir à la hausse sa cible de bénéfice de l'indice. Il la porte à 925 $, en hausse de 15% sur l'an dernier.

Il s'agit d'un montant qui se rapproche de la prévision de M. Lapointe, qui voit 935 $. Tous deux restent nettement en deçà du consensus établi à 1031 $.