Les compagnies aériennes britannique British Airways (BA) et australienne Qantas ont annoncé jeudi l'échec de leurs négociations en vue d'une fusion, un projet ambitieux annoncé il y seulement deux semaines mais qui était dès le départ semé d'embûches.

Les compagnies aériennes britannique British Airways (BA) et australienne Qantas ont annoncé jeudi l'échec de leurs négociations en vue d'une fusion, un projet ambitieux annoncé il y seulement deux semaines mais qui était dès le départ semé d'embûches.

«British Airways et Qantas Airways annoncent qu'après des discussions détaillées au sujet d'une fusion éventuelle, les négociations ont pris fin. En dépit des bénéfices potentiels à long terme pour British Airways et Qantas, les compagnies n'ont pas été en mesure de s'entendre sur les éléments clés d'une fusion à ce stade», ont-elles annoncé dans un communiqué commun, sans s'étendre sur les motifs de leur mésentente.

British Airways avait révélé le 2 décembre qu'elle réfléchissait à une telle fusion, simultanément à son projet de rapprochement avec l'espagnole Iberia et à un projet de collaboration étendue dans les vols transatlantiques avec American Airlines.

La fusion entre BA/Qantas (déjà partenaires au sein de l'alliance commerciale Oneworld) aurait donné naissance au premier groupe aérien au caractère véritablement mondial et disposant d'une forte présence aussi bien en Europe qu'en Asie-Pacifique, et dont le réseau aurait été complété avantageusement par Iberia (bien implantée en Amérique du Sud) et le partenariat avec American.

Mais dès le début, de nombreux doutes étaient apparus quant aux chances de succès des négociations.

Qantas avait elle-même prévenu le 8 décembre que le projet pourrait se heurter à différents obstacles, notamment le sort des discussions entre BA et Iberia. Son directeur général, Alan Joyce, avait même expliqué que British Airways serait forcée de choisir entre sa compagnie et Iberia.

Il s'était également inquiété publiquement de l'énorme déficit du fonds de pension de BA, évalué à près de 1,7 milliard de livres (3,18 G$ CAN).

Sans compter les multiples obstacles réglementaires et pratiques.

Autant une fusion BA/Iberia ne semble guère compliquée à exécuter, comme l'ont montré les nombreux exemples de rapprochement réussis entre compagnies européennes ces dernières années (Air France et KLM, Lufthansa et Swiss...), marier deux compagnies situées aux antipodes n'avait rien d'évident.

La fusion BA/Qantas aurait d'abord nécessité une réforme de la loi australienne, qui interdit à un groupe étranger de détenir plus de 25% du capital d'une compagnie aérienne. Le gouvernement était prêt à porter ce seuil à 49%, pas plus, obligeant à créer une «structure à double cotation».

Et les possibilités de synergies semblaient relativement limitées, les deux compagnies coopérant déjà sur leurs liaisons entre le Royaume-Uni et l'Australie.

«Qui trop embrasse, mal étreint»: la compagnie espagnole n'avait quant à elle pas masqué son irritation de n'avoir été mise au courant des discussions avec l'australienne qu'une heure avant qu'elles ne soient rendues publiques, et avait demandé à BA d'«éclaircir» ses intentions.

L'achoppement des pourparlers avec Qantas devrait donc permettre à BA de se concentrer, dans un climat plus apaisé, sur la poursuite de son mariage avec l'Espagnole.

Qantas ne devrait pas rester esseulée bien longtemps, à en croire des spéculations qui prêtent à la compagnie la volonté de convoler avec des concurrentes asiatiques comme Malaysian Airlines, avec laquelle elle étudie déjà un partenariat.

Une union qui aurait beaucoup plus de sens que celle avec BA, selon Peter Harbison, patron du Centre d'Asie-Pacifique pour l'aviation, un cabinet australien.