Nortel (T.NT) envisagerait de se mettre sous la protection de la faillite afin de poursuivre se restructuration, selon la presse financière new-yorkaise.

Nortel [[|ticker sym='T.NT'|]] envisagerait de se mettre sous la protection de la faillite afin de poursuivre se restructuration, selon la presse financière new-yorkaise.

Fausse rumeur, a répliqué Nortel. L'entreprise affirme plutôt qu'elle ne fait que solliciter des avis professionnels pour améliorer sa restructuration, «sans projet imminent de protection de faillite».

«Rumeur encore prématurée», ont tempéré pour leur part des analystes qui connaissent bien l'équipementier des télécommunications. Et ce, malgré leur constat de complications évidentes pour Nortel des suites de la crise financière et de la récession.

En Bourse, les investisseurs déjà inquiets de la viabilité de Nortel ont fait la sourde oreille à ces messages de l'entreprise et des analystes.

En fait, ils ont encore largué en masse les actions de Nortel, qui ont basculé de 23%, à seulement 49 cents chacune, en clôture à la Bourse de Toronto.

Elles ont même descendu jusqu'à 46 cents en cours de séance, ce qui constituait un nouveau prix plancher en Bourse pour Nortel.

D'ailleurs, la valeur boursière totale de Nortel cote maintenant sous les 250 millions, une pitance par rapport à sa dette à long terme de 4,8 milliards US au 30 septembre dernier.

Pas étonnant que certains analystes aient récemment accordé un prix cible de «zéro» aux actions de Nortel, un symbole de l'incertitude encore considérable à propos de son plan de relance.

Le mois dernier, Nortel a annoncé une perte trimestrielle de 3,4 milliards US, gonflée par d'autres frais de restructuration.

Elle a aussi abaissé ses résultats cibles pour 2009 et annoncé la suppression additionnelle d'au moins 1300 postes, ou 5% de son effectif récent.

Par ailleurs, si les actions de Nortel devaient se maintenir longtemps sous 1$ chacune, l'entreprise risque l'expulsion de la Bourse de New York pour contravention à ses normes de valeur minimale.

Pour remédier à ce problème, Nortel pourrait devoir effectuer une autre fusion d'actions comme elle l'a fait il y a deux ans, selon l'analyste Kris Thompson, de la Financière Banque Nationale (FBN) à Toronto.

En décembre 2006, Nortel avait fusionné ses actions à raison de 10 pour une afin d'en rehausser la valeur.

Mais deux ans plus tard, cette tactique boursière s'avère encore nécessaire face aux doutes des investisseurs envers les chances de survie de Nortel. D'où leur sensibilité extrême à toute rumeur d'insolvabilité imminente, d'autant qu'il s'agirait d'un processus où les actionnaires de Nortel seraient les plus grands perdants.

En contrepartie, les détenteurs d'obligations de Nortel, eux, pourraient y trouver un moyen de limiter leurs pertes, de même que les créanciers d'affaires de l'entreprise.

«Les détenteurs d'obligations pourraient même avoir intérêt à une déclaration d'insolvabilité et de protection de faillite par Nortel parce qu'ils se retrouveraient en tête de liste pour l'accès aux actifs», a commenté Robert McWhirter, gestionnaire de placements chez Selective Asset Management, à Toronto.

N'empêche, selon l'analyste Kris Thompson, de la FBN, un processus de protection de faillite de Nortel demeure "prématuré" avant que l'entreprise ait pu délester certains actifs.

Dans un avis envoyé hier à ses clients-investisseurs, M. Thompson souligne que Nortel, à son rythme d'affaires actuel, dispose encore d'une bonne réserve de liquidités.

Cette réserve serait encore à hauteur d'environ 1,4 milliard US dans un an, considérant une utilisation de fonds (burn-rate) prévue autour de 900 millions d'ici là.

Quant aux actifs à revendre par Nortel, sa division des équipements de télécoms de type CDMA est présumée première candidate par des analystes comme Mark Sue, chez Marchés des capitaux RBC.

Toutefois, dans un avis récent, l'analyste souligne que la valeur potentielle d'une telle cession demeure très incertaine pour Nortel parce que la technologie CDMA vieillit dans le secteur des télécommunications.