Une fois rénovée à un coût de près de 2 milliards de dollars, la centrale nucléaire de Bécancour produira de l'électricité à un coût de 7,2 cents le kilowattheure, soit moins cher que l'électricité de source éolienne (10,5 cents) ou produite avec le gaz naturel (9,6 cents).

Une fois rénovée à un coût de près de 2 milliards de dollars, la centrale nucléaire de Bécancour produira de l'électricité à un coût de 7,2 cents le kilowattheure, soit moins cher que l'électricité de source éolienne (10,5 cents) ou produite avec le gaz naturel (9,6 cents).

Le président d'Hydro-Québec, Thierry Vandal, a confirmé hier à Bécancour que la société d'État remettra à neuf la seule centrale nucléaire de son parc de production, qui pourra continuer à générer assez d'énergie pour alimenter 270 000 maisons jusqu'en 2035.

«Il s'agit d'un bon projet financier et économique et il est acceptable au niveau environnemental», a souligné Thierry Vandal.

À 7,2 cents le kilowattheure, le prix de l'énergie de source nucléaire est toutefois plus élevé que les projets hydroélectriques qui viennent d'être construits, comme Péribonka (6 cents le kilowattheure) et ceux en construction, comme Eastmain-Sarcelle Rupert (5 cents le kilowattheure). L'énergie produite par la centrale Gentilly-2 fera donc augmenter le coût de production moyen d'Hydro-Québec, qui est actuellement de 2,1 cents le kilowattheure.

Selon les environnementalistes, il aurait été beaucoup plus simple d'investir pour économiser l'équivalent de la production de la centrale de Bécancour, soit 5 milliards de kilowattheures.

Malgré tout, la réfection est une bonne décision, selon Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal et spécialiste en énergie. «C'est un bon prix, compte tenu des alternatives, estime-t-il. Même si le Québec n'a pas besoin de cette énergie à court terme, il a besoin de revenus d'exportation».

Selon lui, les exportations d'énergie du Québec peuvent aussi être bénéfiques sur le plan environnemental si elles remplacent de l'énergie générée par des sources plus polluantes.

Le coût de la réfection de la centrale est maintenant estimé à 1,9 milliard de dollars, dont 50 millions pour la construction de nouvelles installations d'entreposage des déchets radioactifs.

C'est presque trois fois plus que les premières estimations d'Hydro-Québec et les coûts pourraient continuer à grimper, si on se fie à l'expérience ontarienne, où la réfection des centrales nucléaires similaires à celle de Bécancour a coûté beaucoup plus cher que prévu.

Le coût de production de l'énergie nucléaire, tel qu'estimé par Hydro hier, ne dit pas tout. Il ne tient pas compte de ce qu'il en coûtera un jour pour disposer de façon sécuritaire des déchets radioactifs générés par la centrale Gentilly-2.

Dans sa stratégie énergétique publiée en 2006, le gouvernement Charest écartait toute nouvelle construction de centrale nucléaire au Québec et affirmait que la décision de rénover ou non la centrale de Bécancour serait prise seulement quand la question de l'entreposage permanent des déchets radioactifs serait réglée.

Cette question est toujours entière, mais ça n'a pas empêché hier la ministre responsable de la Mauricie, Julie Boulet, d'affirmer que la décision de rénover la centrale nucléaire «respecte les orientations de la Stratégie énergétique 2006-2015 du gouvernement du Québec et permettra le maintien d'une expertise de pointe dans le domaine de l'utilisation du nucléaire».

Les travaux de réfection commenceront en 2011 et occuperont 800 travailleurs pendant 20 mois. La centrale rénovée reprendra sa production à la fin de 2012.

L'annonce d'hier a été bien accueillie par l'industrie électrique, qui est satisfaite de voir augmenter la capacité totale de production d'énergie au Québec. «Une décision inverse aurait eu pour effet d'annuler les gains obtenus par la mise en service des centrales hydroélectriques d'Eastmain1 et de Péribonka», a commenté le porte-parole de l'Association de l'industrie électrique du Québec, Jean-François Samray.