Le prix du pétrole a dépassé jeudi pour la première fois de l'Histoire le seuil des 140 $, quelques heures après que le président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole eut pronostiqué que le baril pourrait atteindre 150 à 170 $ cet été.

Le prix du pétrole a dépassé jeudi pour la première fois de l'Histoire le seuil des 140 $, quelques heures après que le président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole eut pronostiqué que le baril pourrait atteindre 150 à 170 $ cet été.

À New York, le baril de «light sweet crude» pour livraison en août est monté en séance à 140,39 $, tandis qu'à Londres, où s'échange une qualité de pétrole plus lourde, le baril de pétrole Brent a atteint les 140,56 $.

À la clôture, les prix du baril d'or noir se sont quelque peu repliés, terminant néanmoins à des niveaux records: 139,64 $ à New York (+5,29 $ par rapport à mercredi) et 139,83 $ à Londres (+5,50 $).

Ils ont ainsi plus que doublé des deux côtés de l'Atlantique en un an. Depuis janvier, le prix du baril s'est renchéri de plus de 40 $.

La hausse de plus de 5 $ constatée lors de la seule séance de jeudi a été enclenchée par un nouvel accès de faiblesse du dollar, monnaie dans laquelle est vendu le brut.

La monnaie américaine est tombée à plus de 1,57 $ pour un euro jeudi. Ce qui représente une opportunité pour les investisseurs hors zone dollar, cherchant à se protéger de l'inflation.

Le dollar paie la décision de la banque centrale américaine (Fed) de laisser inchangé son taux d'intérêt principal à 2%, alors que son homologue européenne, la BCE, envisage de relever le sien.

Ce scénario est défavorable au billet vert parce qu'il rend les placements en euros encore plus attractifs.

Signe que la flambée n'est pas terminée: le président de l'Opep Chakib Khelil a dit jeudi que les prix du baril du pétrole pourraient atteindre 150 à 170 $ «durant cet été», dans un entretien à la télévision France 24.

Pour Ben Tscocanos, analyste de Standard & Poor's, «un cap psychologique a été franchi». «Les marchés semblent désormais à l'aise avec le pétrole cher car les investisseurs se saisissent maintenant de tout élément pouvant justifier des achats pour entrer sur le marché. Aujourd'hui, c'est le dollar, demain ce serait une grève sur un site pétrolier au Nigeria par exemple», affirme-t-il.

De façon générale, les marchés pétroliers craignent que l'offre de brut ne soit pas suffisante pour satisfaire une demande, sans cesse croissante, notamment dans les pays émergents tels la Chine et l'Inde, où des millions de consommateurs aspirent à un niveau de vie de style occidental.

Dans ce contexte d'équilibre tendu entre les fondamentaux, la possibilité d'une réduction de la production en Libye, évoquée par le PDG du groupe pétrolier public National Oil, Shokri Ghanem, a semé la panique.

Tripoli envisagerait de réduire sa production en cas d'éventuelles poursuites américaines, selon des propos de M. Ghanem rapportés par les analystes. M. Ghanem n'aurait en revanche pas indiqué de combien serait cette baisse de production, ni même à quelle date elle pourrait intervenir.

Troisième pays producteur africain d'or noir -- derrière l'Angola et le Nigeria-- la Libye produit en moyenne entre 1,7 et 1,85 million de barils de pétrole par jour.

«Dans un marché installé dans une dynamique haussière, chaque baril de pétrole trouve désormais un acheteur», juge Mike Fitzpatrick, analyste à la maison de courtage MF Global.