Regain d'espoir majeur en vue d'une solution à la crise de 32 milliards de dollars du papier commercial non bancaire (PCAA), après que le courtier Canaccord Capital ait décidé de rembourser 1430 de ses petits investisseurs, pour une valeur prévue de 139 millions.

Regain d'espoir majeur en vue d'une solution à la crise de 32 milliards de dollars du papier commercial non bancaire (PCAA), après que le courtier Canaccord Capital ait décidé de rembourser 1430 de ses petits investisseurs, pour une valeur prévue de 139 millions.

Plus important courtier indépendant au Canada, Canaccord fut aussi le principal vendeur de PCAA non bancaire à des centaines de petits investisseurs, en Ontario et dans l'Ouest surtout.

Et ces dernières semaines, ils réclamaient de plus en plus fort un remboursement, menaçant même de voter contre la restructuration du papier commercial (PCAA) proposée par le «comité Crawford».

Ce vote prévu le 25 avril requerra une double majorité: au moins 50% des détenteurs de PCAA non bancaire, peu importe leur taille, et au moins 66% de la valeur totale.

Or, les petits investisseurs -quelque 1800 en tout- constituent 90% des voix admissibles même s'ils détiennent seulement 1%, ou 320 millions environ, de tout le PCAA non bancaire.

De ces nombres, les clients de Canaccord représentent la moitié de la valeur mais 80% des petits investisseurs.

Dans ce contexte, les principaux membres du comité Crawford, dont la Caisse de dépôt et placement, la Banque Nationale et le Mouvement Desjardins, risquent le plus un rejet provoqué par le mécontentement de petits investisseurs.

Cette grogne a émergé fortement depuis deux semaines, en particulier lors d'assemblées tenues par le comité Crawford dans les principales villes canadiennes.

À elles seules, la Caisse de dépôt, la Nationale et Desjardins détiennent la moitié des 32 milliards du PCAA non bancaire figé depuis sept mois.

Du coup, ces institutions québécoises perdraient énormément d'une liquidation de ce PCAA provoquée par l'échec du plan Crawford, qui veut le transformer en nouveaux titres à long terme.

Mais ce risque apparaît désormais diminué après le rachat annoncé par Canaccord pour ses clients, même s'il est minime en valeur dans tous les 32 milliards de PCAA non bancaire.

«C'est favorable pour des centaines de petits investisseurs et, du coup, ça augure mieux pour le vote du 25 avril, à l'avantage de tous les intervenants», selon André Chapleau, porte-parole du Mouvement Desjardins, qui détient 1,9 milliard en PCAA repris de clients-investisseurs.

À la Banque Nationale, qui a pour 2,3 milliards en PCAA non bancaire, on apprécie aussi le plan proposé par Canaccord pour calmer la grogne de centaines de petits investisseurs.

«C'est un pas dans la bonne direction pour le comité Crawford. Nous souhaitons que les détenteurs de PCAA et les clients de Canaccord votent pour la proposition», a indiqué Denis Dubé, porte-parole de la Nationale.

D'ailleurs, mardi, la Banque avait bonifié son offre de crédit spécial pour ses clients d'affaires qui ont des millions de dollars en liquidités coincées dans le PCAA non bancaire.

Cet ajout ne concerne qu'une centaine de clients, mais dont le mécontentement pourrait aussi influencer négativement le vote du 25 avril.

En Bourse, les investisseurs ont semblé favorables à ce dénouement en faveur de la Nationale, perçu comme une réduction de son risque de pertes additionnelles liées au PCAA non bancaire.

Ses actions ont rebondi de 2,6%, à 51,09$, à l'inverse du repli de 1,2% de l'indice sectoriel des services financiers à la Bourse de Toronto.

Pour sa part, le directeur du comité Crawford, l'avocat d'affaires torontois Purdy Crawford, s'est dit fort encouragé après l'annonce de Canaccord.

«C'est une étape importante pour résoudre les préoccupations des plus petits porteurs de PCAA non bancaire», a-t-il indiqué.

N'empêche, quelque 400 autres petits investisseurs demeurent en sursis, clients d'autres courtiers que Canaccord.

Préoccupé, M. Crawford a dit «souhaiter que les autres intermédiaires financiers qui ont vendu du PCAA à de petits investisseurs suivent l'initiative de Canaccord».

Dans l'immédiat, l'offre de Canaccord a aussi réconforté ses actionnaires, même si elle en subira une perte spéciale de 54 millions. En Bourse, après des semaines de recul, l'action de Canaccord a rebondi de 9%, à 11,28$.

Enfin, l'offre de Canaccord à ses clients a été annoncée la veille d'une audience spéciale sur le PCAA par le Comité des Finances des Communes, à Ottawa.

Une dizaine d'investisseurs et de représentants d'institutions financières sont attendus ce matin au Parlement.

Mais déjà mercredi, on se réjouissait à la direction du Comité de l'annonce de Canaccord et de son impact sur les petits investisseurs coincés dans cette crise financière sans précédent au Canada.

«Tant mieux si notre décision de convoquer des petits investisseurs peut provoquer des propositions comme celle de Canaccord», a dit Paul Crête, vice-président du Comité et député bloquiste de Montmagny-Rivière-du-Loup.

«Ça ne règle pas la nécessité d'examiner l'encadrement de marché comme le PCAA non bancaire, ce que le Comité prévoit faire. Mais au moins, ça augure mieux pour les problèmes immédiats de nombreux petits investisseurs.»