Les passagers peuvent aussi participer à la guerre aux changements climatiques.

Les passagers peuvent aussi participer à la guerre aux changements climatiques.

C'est du moins ce que fait valoir l'industrie aérienne, avec les fameux programmes de compensation des émissions de carbone. Mais tous ces programmes ne sont pas égaux, et certains seraient inefficaces, et peut-être même dommageables.

Les programmes de compensation permettent aux passagers de calculer le dioxyde de carbone (CO2) qu'ils émettent en se déplaçant en avion. Afin de neutraliser ces émissions, les passagers peuvent investir dans des projets qui permettent une réduction équivalente des gaz à effet de serre.

Le problème, c'est que le mode de calcul varie d'une compagnie à l'autre, observe l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), dans son plus récent rapport environnemental.

L'OACI entend développer une méthodologie et des lignes directrices pour les calculs des émissions, mais en attendant, c'est la cacophonie.

Julianna Priskin, chercheuse à la chaire de tourisme Transat et professeure associée à l'UQAM, s'interroge également sur les types de projets de réduction des gaz à effet de serre.

Plusieurs programmes se limitent à des projets de reforestation. Or, c'est loin d'être la panacée.

Se basant sur des dizaines d'études scientifiques, Mme Priskin et la consultante en écologie Renae Nicole Stenhouse font observer que certaines plantations ne sont pas permanentes, ce qui entraîne le relâchement du carbone dans l'atmosphère après un certain nombre d'années.

Lorsqu'on plante des espèces non indigènes, comme de l'eucalyptus ou du pin, ou que l'on plante une seule essence, on risque de perturber le cycle hydrologique, d'augmenter l'utilisation de produits chimiques et de pesticides et même de contribuer à l'augmentation de l'acidité du sol.

En outre, les plantations de grande envergure peuvent nuire aux collectivités locales parce que celles-ci risquent d'être déplacées ou de perdre accès à des terres ancestrales.

Il faudrait donc privilégier les programmes qui investissent dans les projets d'énergie renouvelable et les technologies qui visent une utilisation plus efficace des ressources.

Avant de choisir le programme britannique Climate Care pour ses clients et pour sa propre flotte, Bombardier Avions d'affaires a chargé une firme indépendante de faire une évaluation des différents programmes de compensation.

«C'est un programme qui fait plus que planter des arbres, affirme le porte-parole de Bombardier Aéronautique, Marc Duchesne. Il investit dans l'énergie renouvelable, dans les technologies vertes.»

Il souligne que Bombardier Avions d'affaires est le premier manufacturier à offrir un programme de compensation à ses clients.

«Pour nous, c'est un avantage au niveau du marketing, indique-t-il. Ce sont les clients qui nous l'ont demandé: ce sont des humains comme vous et moi qui sont conscientisés face à l'environnement.»

L'OACI fait toutefois une mise en garde et rappelle que la compensation de carbone ne se substitue pas à la réduction des émissions à la source, une opinion que partage Julianna Priskin.

«On peut compenser jusqu'à la fin de notre vie, mais si on ne réduit pas la consommation de tout ce qui résulte en gaz à effet de serre, on ne va jamais résoudre le problème, affirme-t-elle. C'est une façon d'enlever la culpabilité.»

Il s'agit toutefois d'un pas dans la bonne direction.

«La sensibilisation, c'est la première étape, lance-t-elle. Les gens sont maintenant conscients que lorsqu'ils voyagent, ils polluent beaucoup.»