Les retraités sont en train de devenir rapidement le plus gros marché du tourisme. Mais des entreprises du secteur ne le réalisent pas encore et ne les desservent pas toujours bien.

Les retraités sont en train de devenir rapidement le plus gros marché du tourisme. Mais des entreprises du secteur ne le réalisent pas encore et ne les desservent pas toujours bien.

Selon l'analyste du Réseau de veille en tourisme de l'UQAM, Claudine Barry, les 60 ans et plus alimentent à eux seul près de la moitié de plusieurs créneaux du marché du voyage.

Les seniors sont en pleine croissance et formeront, bientôt, le plus grand segment du tourisme et un marché en or. Il est donc grand temps de mieux les connaître, dit Claudine Barry.

Les retraités et les baby-boomers (41-60 ans) offrent déjà le plus gros segment de clientèle, fort lucrative d'ailleurs, déclare à La Presse Affaires le directeur de la chaire de tourisme de l'UQAM, Michel Archambault. Par contre, «informés, ils en veulent pour leur argent», dit-il. Il faut leur aplanir les tracas du voyage.

Transat s'adapte à ce segment avec des forfaits sur mesure, ajoute le porte-parole du groupe, Jean-Michel Laberge.

Le mythe du retraité qui tricote ou fume sa pipe, en se berçant sur le perron, ne reflète plus du tout la réalité. Au contraire, les 50 ans et plus sont en santé, ont du temps et de l'argent, veulent voyager et partent à l'aventure, dit Michel Archambault.

Voyages Bergeron trouve le majorité de sa clientèle chez les baby-boomers, déclare la copropriétaire, Lyne Rose. Elle leur organise des voyages de plusieurs semaines, en Sicile et en Espagne, avec de nombreux services, dont de bons restaurants.

En fait, les baby-boomers et les 60 ans et plus sont loin de former une clientèle homogène, souligne Karine Genest, directrice de la Fédération de l'âge d'or du Québec (FADOQ).

En France, des entreprises se spécialisent pour les retraités. Le Québec a tardé un peu, mais de plus en plus de voyagistes s'adaptent à cette clientèle, dit Karine Genest.

Séjours plus longs, itinéraires moins chargés, services périphériques, bateaux de croisières plus petits mais cabines plus spacieuses... l'offre de produits est plus ciblée.

Le Québec rattrape son retard, mais il y a encore beaucoup à faire pour les retraités à mobilité réduite dans les hôtels, selon Karine Genest.

Par ailleurs, les voyages d'aventure se multiplient. Plusieurs retraités veulent de l'encadrement, mais pas de voyages organisés traditionnels, et ils ne veulent plus retourner en Floride, assure Karine Genest.

Le grossiste Vacances Tours Mont-Royal offre deux fois l'an un rabais aux 50 ans et plus amateurs de plages ou d'Europe, dit la directrice du marketing, Luce Prud'Homme.

Voyages Fleur de lys, qui a fusionné avec Voyages Yvon Dupuis, réalise 10% de ses revenus avec des excursions d'aînés en autocar au Canada.

Mais 14% de son chiffre d'affaires provient des voyages de vélo et de randonnées en Europe, faits par des retraités actifs, précise la présidente, Luce Nobert.

C'est l'ère des voyages sur mesure, en Asie, en Afrique du Sud, dans le Pacifique Sud, dit-elle.

Le Québec dénombre plus de 1,5 million d'aînés, qui voyagent plus que la moyenne des gens, selon Claudine Barry.

Plus de 620 000 retraités ont fait au moins un voyage au Canada depuis un an, dont 475 000 au Québec, et plus de 350 000 sont allés à l'étranger, selon le Print Measurement Bureau.

Ces voyageurs ont alors réservé à l'hôtel (25%), au motel (20%) et au camping (15%), contre 5% qui sont allés dans un chalet et autant dans un gîte.

Les retraités aiment découvrir une ville (38%), visiter les magasins (25%) et jouer au golf (7%), mais aussi aller à la plage, aux musées, faire de la randonnée et pratiquer des sports (vélo, ski, canot).

Le tiers des aînés québécois ont visité le Canada par autocar et presque autant (30%) ont fait une croisière, selon Claudine Barry.