Le chiffre était marquant: 2500. C'est le nombre de cadres licenciés par Bell en juillet dernier.

Le chiffre était marquant: 2500. C'est le nombre de cadres licenciés par Bell en juillet dernier.

Y a-t-il une vie professionnelle après plusieurs années passées dans le giron rassurant d'une grande entreprise? Oui, répond Lyse-Anne Bélanger, qui était cadre principal chez Air Canada depuis huit ans quand le couperet est tombé, il y a quelques années.

À la suite de problèmes majeurs, l'entreprise aérienne avait alors éliminé 25% des postes de cadre pendant sa re-structuration. Mais entre l'annonce des coupes et le jour réel de sa mise à pied, un an s'est écoulé. Une année de stress pendant lequel Mme Bélanger sentait l'épée de Damoclès au-dessus de sa tête.

"Quand une énorme re-structuration comme celle-là est annoncée, on la porte sur ses épaules, dit-elle. Mais j'espérais quand même être épargnée."

Le jour où la mauvaise nouvelle tombe, c'est donc le choc. "J'en suis restée bouche bée", se souvient-elle.

Pour aider le personnel touché à traverser l'épreuve, certaines entreprises confient leurs employés aux bons soins de firmes spécialisées en transition de carrière. C'est le cas de Bell, qui a fait appel à deux de ces firmes pour accompagner les 2500 cadres licenciés après l'annonce fatidique.

L'une d'elles est DBM, la même qui a guidé Lyse-Anne Bélanger après son départ d'Air Canada.

"Dans un premier temps, nous sommes là pour offrir un soutien psychologique et amener la personne à s'exprimer en terrain neutre, dit Danielle Brisson, vice-présidente, développement des affaires, chez DBM. Cela permet de faire baisser le stress d'un cran."

Panoplie de services

Une fois le choc initial passé, une panoplie de services est offerte aux employés, sur une période s'échelonnant sur plusieurs mois.

Ils rencontrent d'abord un conseiller pour établir un plan de travail et faire un bilan de leur carrière, discuter de leurs attentes et identifier leurs objectifs professionnels.

"Ce n'est pas une agence de placement, précise Danielle Bisson. On ne vise pas replacer les gens mais à les soutenir dans leurs démarches."

Les participants ont accès à des tests psychométriques, on les aide à rédiger leur CV et on leur enseigne des techniques d'entrevue.

"Souvent, les gens qui sont au sein de la même entreprise depuis 15 ans n'ont pas fait d'entrevue depuis longtemps", dit Mme Bisson.

Mais ce n'est pas tout. Les participants au programme ont à leur disposition des bureaux privés, des salles d'ordinateurs et des locaux de réunion. "Ils peuvent venir sur place au lieu d'être laissés à eux-mêmes à la maison, sans outils", explique la vice-présidente.

Pour les ex-cadres de Bell, on a même ouvert de nouveaux locaux dans le Vieux-Montréal. Ils peuvent s'y rendre quotidiennement assister à des cyberséminaires sur différents thèmes liés à la recherche d'emploi s'ils le souhaitent. Une bonne façon de faire le pont entre l'ancien et le futur boulot.

Lyse-Anne Bélanger a bien profité de ces avantages lorsqu'elle a été remerciée par Air Canada.

"J'étais tellement habituée de me lever le matin, d'enfiler mon tailleur et de me rendre au bureau que j'ai continué, dit-elle. Pendant quatre mois, j'ai fait comme si je travaillais et je suis passée au travers de tout leur programme. Ça m'a beaucoup aidée à faire passer la pilule sur ce qui venait de m'arriver."

Après ces quatre mois, elle s'est lancée dans une nouvelle aventure. Elle est devenue consultante en gestion de projet et en six-sigma, une méthode de management. Un projet qu'elle n'aurait certainement pas songé à démarrer si elle avait conservé son ancien emploi, explique-t-elle. Et après deux ans, les affaires vont très bien.

Est-elle contente de sa nouvelle vie? "Avec du recul, je dois dire que j'ai une qualité de vie nettement supérieure. Je peux prendre le rythme que je veux", dit-elle.

Cette histoire de licenciement s'est bien terminée. Mais pour que les choses prennent un tour positif, il faut évidemment y mettre du sien.

"Au départ, j'étais un peu sceptique envers les services de transition parce que je ne connaissais pas bien cela, dit Mme Bélanger. Dans un processus de licenciement, c'est un excellent soutien. Mais pour aller chercher la valeur ajoutée que cela peut apporter, il faut que l'individu s'investisse. Dans mon cas, j'ai vraiment utilisé tout ce que l'on m'offrait."

Tôt ou tard, selon Danielle Bisson, toutes les personnes qui passent par des services de transition se replacent. La durée varie selon les compétences de la personne, ses exigences et le poste qu'elle recherche.

"Pour un cadre, le temps moyen est autour de trois-quatre mois, dit-elle. Pour les cadres de haut niveau, cela peut aller jusqu'à six à douze mois, car les postes de haut niveau sont plus rares."

Que l'on se rassure alors: il y a une vie après un licenciement.