Déjà difficile pour les géants de ce monde, l'accès au crédit en ces temps de ménage dans les mauvaises créances bancaires frappe de plein fouet les petites entreprises qui doivent renoncer à des projets, voire fermer.

Déjà difficile pour les géants de ce monde, l'accès au crédit en ces temps de ménage dans les mauvaises créances bancaires frappe de plein fouet les petites entreprises qui doivent renoncer à des projets, voire fermer.

«Les projets de développement que je reçois sont hypothéqués dès le départ. Souvent c'est une opportunité qu'on a et qui est perdue quelques mois plus tard», déplore Marc Rousseau, président de LVR Capital, une firme spécialisée dans le financement des PME.

M. Rousseau donne l'exemple d'une entreprise spécialisée dans l'optimisation de la gestion des routes: «Elle avait un client extrêmement prestigieux et malgré cela, elle n'a pu réussir à se refinancer pour poursuivre ses activités.»

«Le capital de risque est beaucoup plus frileux. Quand un investisseur entre dans un projet, il faut qu'il voie sa sortie», explique Claude Martel, PDG d'Inno-Centre, qui se spécialise dans le démarrage d'entreprises de haute technologie.

L'accès au crédit s'est restreint depuis un an, à la suite de la crise immobilière aux États-Unis et de celle du papier commercial au Canada. La hausse du prix du pétrole semble avoir eu un effet inhibiteur supplémentaire sur les prêteurs.

Le vice-président PME de Desjardins Robert Bastien, admet une modification dans le crédit octroyé aux entreprises: «Je ne dirais pas que nous prêtons moins d'argent, mais c'est certain que pour le financement à long terme, il y a pas mal moins d'offre en ce moment.»

Les secteurs manufacturier et de l'immobilier seraient les plus touchés: «Si vous voulez lancer un projet immobilier locatif, vous avez besoin d'avoir de bonnes garanties!» prévient-il.

Petites capitalisations boursières

Les entreprises de petites capitalisations sont encore plus touchées que les PME, selon M. Bastien: «Il y a pas mal moins d'appétit de ce côté-là. Les banques veulent placer leur argent ailleurs.»

Privées d'un accès au financement nécessaire à une croissance accélérée, les sociétés inscrites à la Bourse de croissance de Toronto deviennent du coup moins attirantes pour des investisseurs avides de gains rapides.

«Ça a commencé avec la crise des subprimes aux États-Unis. Ensuite est venue la peur des banques de prêter. Le système est un peu gelé en ce moment», reconnaît Serge Depatie, vice-président Petites capitalisations chez Natcan.

Exeltech, une société de Dorval spécialisée dans l'entretien d'avions, est une des entreprises québécoises qui subissent le resserrement des conditions de crédit.

«Je ne vois pas d'améliorations avant l'été prochain. Les banques ont peur de prêter, surtout à des compagnies du secteur de l'aviation.», dit Roland Blais, directeur des finances.

De l'argent reste disponible mais à un taux d'intérêt beaucoup plus élevé: «Ça hypothèque un peu nos projets», poursuit-il.

La montréalaise NStein, qui développe des solutions de publication numérique, a dû, elle, mettre un frein à son plan d'embauches et renoncer à des acquisitions, selon son directeur des finances, Bruno Martel.

Seules des compagnies minières semblent échapper au portrait général, favorisées par le boom des matières premières. Junex, de Québec, a réussi en juin à obtenir 23 millions d'argent frais. Manicouagan Minerals vient de se procurer 2,7 millions pour ses projets au Québec.

«Par contre, si vous regardez le cours de notre action en Bourse, vous voyez que nous restons fort sous-évalués», nuance son président, Joseph Baylis.