L'homme d'affaires suisse Rolf G. Herzog vient d'intenter une poursuite de 2,3 millions US contre le gestionnaire de fonds montréalais Interinvest Canada et son propriétaire, Hans Black.

L'homme d'affaires suisse Rolf G. Herzog vient d'intenter une poursuite de 2,3 millions US contre le gestionnaire de fonds montréalais Interinvest Canada et son propriétaire, Hans Black.

Dans sa requête, Rolf Herzog soutient être incapable de récupérer l'argent investi par l'entremise de M. Black dans un fonds appelé HedgeHog Fund, des Bermudes. Des demandes répétées ont été faites en ce sens à Hans Black depuis janvier 2007, mais sans résultat.

Interinvest Canada est un gestionnaire de portefeuille privé qui est en affaires depuis 31 ans. L'unique actionnaire est le Dr Hans Black, de Westmount, mais l'équipe est composée de gestionnaires de portefeuille chevronnés. Le siège social est situé rue Redpath, à Montréal.

Selon la requête, les 2 millions US de M. Herzog ont été injectés dans le fonds HedgeHog par l'entremise de la société Interinvest (Bermuda), affiliée à Interinvest Canada. En janvier 2008, Rolf Herzog a été avisé qu'il ne pouvait vendre sa position dans le fonds HedgeHog en raison de problèmes de liquidités du fonds.

Ces difficultés, lui a-t-on expliqué, sont attribuables au fait que HedgeHod avait pris une grosse position dans une entreprise techno de Californie, appelée Wi2Wi. Cette dernière entreprise était censée être inscrite en Bourse, ce qui aurait rendu le titre plus liquide, mais ce ne fut pas le cas.

«L'acquisition de capital dans Wi2Wi en utilisant les fonds de M. Herzog a été faite sans la connaissance de M. Herzog et en violation de ses demandes écrites et répétées», est-il écrit dans la requête.

Rolf Herzog reproche également à Hans Black d'être membre du conseil d'administration de Wi2Wi.

Réplique

Joint au téléphone, l'avocat d'Interinvest Canada, Neil Stein, a tenu à faire certaines précisions. D'abord, affirme-t-il, Rolf Herzog était bien au courant du fonctionnement du fonds et des possibilités parfois limitées de remboursement rapide, étant donné la nature des investissements.

«Dans le cas de HedgeHog, c'est malheureux, mais on a indiqué à M. Herzog et à ses avocats qu'il ne pouvait y avoir aucun remboursement en raison des problèmes de liquidité du fonds. M. Herzog sera traité comme tous les investisseurs et non en priorité», a dit M. Stein, selon qui la Commission des valeurs mobilières des Bermudes a été avisée.

Par ailleurs, Neil Stein soutient qu'Interinvest Canada n'a rien à voir dans cette affaire, puisque M. Herzog n'a aucun contrat avec cette société. Le lien de droit est plutôt avec Interinvest (Bermuda). Certes, Hans Black détient un intérêt dans Interinvest (Bermuda), mais il n'est pas majoritaire. Enfin, Hans Black siège effectivement au conseil de Wi2Wi, sans rémunération, mais c'est justement pour s'assurer de l'importante position de ses investisseurs, dit M. Stein.

Quoi qu'il en soit, Rolf Herzog juge que Hans Black et Interinvest ont agi de mauvaise foi. En plus de la valeur de ses parts dans le fonds (2,21 millions US), il réclame 50 000$ de dommages exemplaires.

Pour la petite histoire, sachez que l'argent du résidant suisse a été investi aux Bermudes par l'entremise d'un autre paradis fiscal: Gilbraltar. Cet argent a ensuite convergé vers l'entreprise Wi2Wi, de Californie.