Comme des centaines d'autres ouvriers en Mauricie, Monsieur T. a perdu son emploi quand son usine de Trois-Rivières a dû procéder à des mises à pied massives, l'an dernier.

Comme des centaines d'autres ouvriers en Mauricie, Monsieur T. a perdu son emploi quand son usine de Trois-Rivières a dû procéder à des mises à pied massives, l'an dernier.

Durement touchée par la force du dollar canadien qui freinait ses exportations, l'entreprise a promis de le réembaucher dès que la devise canadienne se stabiliserait. Mais c'était compter sans la menace de récession qui plane au-dessus de la planète. Le carnet de commandes de l'entreprise peine à se remplir. Récemment, Monsieur T. a appris qu'il ne retrouverait jamais son emploi. Fini, kapout...

Jeune quarantaine, trois enfants, grosse hypothèque, une compagne qui s'occupe des enfants à la maison: la perspective d'arriver à la fin des prestations de chômage a plongé la famille dans une crise aiguë. Les relations de couple se sont envenimées et la femme de Monsieur T. a menacé de le quitter.

Plus de travail, plus de maison, plus de compagne: c'était trop. Désespéré, Monsieur T. s'est mis à penser au suicide.

Des histoires comme celle-ci, Serge Rouette en a entendu beaucoup depuis deux mois. Coordonateur clinique à l'Accalmie, organisme qui accueille des personnes suicidaires à Trois-Rivières, il a vu le nombre de cas de détresse grimper en flèche. Souvent, le déclencheur est une crise de couple. Mais dès que l'on gratte un peu, on trouve la véritable source du problème: la précarité économique.

«En octobre et en novembre, nous avons reçu deux fois plus de demandes que durant les mêmes mois, l'an dernier», dit Serge Rouette. Ce constat soulève beaucoup d'inquiétude. «Nous étions heureux de voir le taux de suicide baisser en Mauricie; maintenant, on se demande quels seront les dommages collatéraux de la crise», dit cet intervenant social qui a vécu la récession des années 80. Et qui connaît la part de détresse que les gros creux économiques traînent dans leur sillon.