Au fur et à mesure que le monde s'enfonce dans la crise, les détenteurs de fonds communs voient leurs placements fondre.

Au fur et à mesure que le monde s'enfonce dans la crise, les détenteurs de fonds communs voient leurs placements fondre.

La chute est-elle enrayée?

Il est encore trop tôt pour le dire. Mais une chose est certaine: plutôt que de se lancer dans des investissements hasardeux, il est temps d'évaluer la répartition de son portefeuille et, au besoin, de le diversifier.

De l'avis des analystes consultés par La Presse Affaires, le creux de la vague est en train d'être atteint.

Toutefois, il serait mal venu de se lancer dans des opérations de redéploiement, tant le marché est volatil.

«Ne paniquez pas et dites-vous plutôt que ce qui est fait est fait», lance David O'Leary, directeur du service d'analyse des fonds chez Morningstar. Cette firme torontoise suit les rendements de l'industrie canadienne des fonds communs.

Ce n'est qu'une question de jours ou de semaines: le marché va inévitablement rebondir. Et, à moins d'avoir besoin de liquidités à court terme, mieux vaut éviter de vendre les fonds détenus, surtout les fonds de capitalisation, dont certains titres ont dégringolé de plus de 40%.

«Si on vend les fonds d'actions maintenant, ça va être vraiment défavorable», rappelle Marc Dubuc, vice-président Marketing chez Fonds Desjardins.

La meilleure chose à faire actuellement est plutôt de procéder à l'évaluation de la répartition de son portefeuille et, s'il est trop concentré, d'en envisager le rééquilibrage.

Diversifier

Pour Robert Frances, président des Services en placements Peak, «avec tout ce qui se passe actuellement, la diversification va donner plus de stabilité et de sécurité au long terme».

Beaucoup d'investisseurs canadiens avaient concentré leurs investissements dans le secteur des ressources naturelles, qui représente presque la moitié des sociétés cotées à la Bourse de Toronto.

«Il y a six mois, tout le monde pensait qu'on allait manquer de pétrole, de maïs et de cuivre d'ici 2009», rappelle Vincent Delisle stratège chez Scotia Capitaux. Or, estime-t-il, ces titres vont continuer à décevoir dans les prochains mois.

Cela démontre donc l'importance de ne jamais être trop concentré dans un secteur, à un titre et à une façon d'investir, note Robert Frances.

«Il faut s'assurer qu'on est bien diversifié dans les types de placement, les styles de gestion, mais également dans les styles de stratégies. Pour être sûr qu'on ne se fera jamais pincer», dit-il.

Cela dit, il ne faut pas pour autant minimiser les perspectives offertes à long terme par les fonds spécialisés dans les ressources.

La demande mondiale devrait en effet reprendre d'ici six à dix-huit mois, portée par les fortes croissances des pays émergents, Chine et Inde en tête.

«Les ressources canadiennes vont continuer à être favorisées», prévoit M. Dubuc, de Fonds Desjardins.

Retour aux secteurs défensifs

Pour le moment, alors que la Bourse peine à se stabiliser (certains avancent une rechute pour le mois de février), l'incertitude demeure et les gestionnaires de portefeuilles prônent un retour partiel aux secteurs défensifs, comme la santé, l'alimentation, les services publics, les télécommunications et les banques.

Moins cycliques, ces secteurs n'offrent pas des taux de rendements importants. Par contre, ils sont plus immunisés aux soubresauts de l'économie.

«Même si l'économie ne va pas bien et que les gens perdent leurs emplois, ils doivent toujours payer pour manger et se soigner», dit M. O'Leary, de Morningstar.

"Il faut y aller pour des fonds qui sont plus liés au marché américain, surtout pour un investisseur canadien", ajoute Vincent Delisle.

Reste que cette crise peut malgré tout être propice à l'enrichissement.

Le marché a beaucoup baissé et il pourrait être opportun de placer dès à présent une partie de ses liquidités dans les REER, sans attendre janvier ou février 2009.

Robert Frances, de Peak, indique que certaines personnes, possédant beaucoup de liquidités, investissent plus que par le passé dans des fonds mutuels plus agressifs «pour profiter de la remontée à venir».