Près du tiers des salariés québécois travaillent plus de 41 heures par semaine. Au Canada, la population active fait 145 heures supplémentaires par an, ce qui représente en moyenne trois heures de travail de plus par semaine.

Près du tiers des salariés québécois travaillent plus de 41 heures par semaine. Au Canada, la population active fait 145 heures supplémentaires par an, ce qui représente en moyenne trois heures de travail de plus par semaine.

C'est ce que révèle une étude de Workopolis publiée cet automne, sur le thème «Les Canadiens qui travaillent le plus fort».

Mais que signifie au juste l'expression «travailler fort» aux yeux des répondants?

S'il faut les croire, les heures supplémentaires sont incontournables pour qui a la prétention de travailler fort. Et toutes les raisons sont bonnes pour faire des heures supplémentaires!

Parmi les personnes interrogées, 51% ont affirmé passer plus de temps au bureau parce que c'est ce que l'on attend d'eux.

Pour 48%, c'est la nature du travail qui l'exige et, dans 41% des cas, c'est parce qu'il n'y a pas assez de personnel.

La tendance

Quitter le travail avant d'avoir terminé ses tâches n'est tout simplement pas possible pour le quart des répondants. Un autre quart indique faire des heures supplémentaires pour des questions d'argent.

Cette tendance n'est pas prête de s'inverser, croit Anne Geneviève Girard, psychologue industrielle.

«L'impression que les gens ont de travailler si fort n'est pas fausse, dit-elle. Aujourd'hui, on travaille plus qu'hier et moins que demain. Avec le contexte économique actuel, la concurrence vient de partout dans le monde et les entreprises éliminent des postes. Il ne faut pas s'attendre à travailler moins au dans les prochaines années.»

L'impression de travailler fort est quelque chose de très subjectif.

«Ce qui est moins subjectif, c'est qu'il est vrai qu'on travaille plus d'heures qu'avant et qu'on est moins nombreux pour faire la même tâche», ajoute la psychologue.

Productivité

Travailler plus d'heures est-il vraiment productif? «De longues heures de travail ne se traduisent pas nécessairement par une augmentation de la productivité, souligne Gabriel Bouchard, vice-président, planification stratégique, de Workopolis. Plusieurs études démontrent que l'on ne peut pas garder une concentration élevée pendant huit heures.»

Il est sans doute préférable de travailler mieux que de travailler plus. «On est encore loin de la compétitivité que l'on pourrait atteindre au Québec, dit Mme Girard. Et pour y arriver, il nous faut du personnel mieux formé et mieux géré.»

Le Québec différent du ROC

Le Québec se démarque du reste du Canada dans sa perception de la charge de travail, révèle l'enquête. Alors que 59% des Canadiens disent que leur charge de travail est adéquate, et 32% disent travailler trop fort; au Québec, 71% des répondants se disent satisfaits.

«C'est peut-être un choix de société, dit Daniel Bouchard, mais il faut aussi considérer que l'Ouest est plus touché que nous par la pénurie de main-d'oeuvre. Il sera intéressant de voir l'impact sur la charge de travail au Québec dans les prochaines années, alors qu'il y aura de moins de moins de gens sur le marché.»

De plus, au Québec, on mesure aussi l'effort qu'exige un travail par le stress qu'il génère. Pour 53% des Québécois, endurer beaucoup de stress est synonyme de dur labeur, et 60% considèrent qu'ils travaillent fort quand ils doivent composer avec le stress.

Qui travaille le plus fort?

Mis à part les heures travaillées, le sondage indique trois principaux facteurs qui permettent de déterminer si une personne travaille fort: le degré de responsabilité, la concentration ou l'effort intellectuel requis et la charge de travail.

On a aussi demandé aux Canadiens de se prononcer sur les métiers où, selon eux, les gens travaillaient le plus fort. Les cinq métiers "gagnants" sont, dans l'ordre: maman, infirmière, contrôleur aérien, chirurgien et pompier.

«On voit que la perception des gens est basée sur l'intensité au moment même où la tâche est accomplie, dit Anne Geneviève Girard. Par exemple, pour les pompiers, il y a des pics très intenses, mais il y a aussi des moments d'inaction. Par contre, au moment où ils accomplissent leur travail, ils ne peuvent pas faire d'erreur et doivent être très concentrés.»

Les infirmières sont probablement celles qui travaillent le plus par les temps qui courent, croit la psychologue. «L'intensité de leur travail va de moyenne à élevée tout au long de leur temps de travail.»

Quand aux mamans, c'est sans doute parce que leur rôle demande une attention 24 heures sur 24 qu'elles figurent en tête de liste!